Les charges d’exploitation de la Caisse de dépôt et placement du Québec ont presque doublé depuis 2014, en grande partie en raison de l’augmentation importante des salaires des employés.

La Presse révélait mardi que les charges d’exploitation et frais de gestion externes de l’institution sont passé de 328 millions de dollars en 2014 à 622 millions en 2017. L’année dernière seulement, ces frais ont crû de 24 %. En trois ans, l’ensemble des charges d’exploitation ont connu une croissance de 90 %, alors que l’actif de la Caisse n’a augmenté que de 32 % sur la même période.

Qu’est-ce qui explique cette augmentation rapide des dépenses? Un boom dans la rémunération des employés, analyse La Presse. Les salaires et avantages sociaux ont en effet bondi de 131 millions en trois ans. Si l’embauche de 50 nouveaux employés expliquent en partie ces dépenses plus importantes, c’est surtout les augmentations accordées aux employés actuels qui ont pesé dans la balance. Selon les chiffres publiés par l’institution, la rémunération globale moyenne des employés était de 182 600 $ en 2013, comparativement à 319 100 $ en 2016. En trois ans, il s’agit donc d’une hausse de 75 %.

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Un secteur concurrentiel

Questionnée par La Presse, la Caisse a soutenu que la croissance importante de ses charges d’exploitation s’explique principalement par l’ouverture de bureaux internationaux. L’appétit de plus en plus grand de l’institution pour les placements privés et les investissements en infrastructures pèse également lourd sur les coûts. Ces types de placement nécessitent davantage de main-d’œuvre que les actifs liquides, se défend la Caisse.

« La majorité des employés embauchés l’ont été en investissement et leurs salaires doivent refléter les pratiques du secteur, auquel nous livrons une concurrence pour l’acquisition des meilleurs talents », a répondu au quotidien le porte-parole de la Caisse, Maxime Chagnon.

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Une « orgie de hausses libérales »

Ces explications n’ont guère convaincu l’opposition officielle à Québec, qui voit dans ces augmentations de salaire « une orgie de hausses libérales ».

« Les gens qui déposent leur argent à la Caisse de dépôt, ils ont eu en moyenne 5 % d’augmentation de salaire pendant ces trois années-là. Et les gens qui vont gérer ces dépôts vont avoir 75% d’augmentation de salaire sur 3 ans », s’est insurgé le député péquiste Alain Therrien.

Selon lui, la performance de la Caisse ne justifie pas de tels augmentations.

Le ministre des Finances, Carlos Leitão a pour sa part indiqué ne pas être préoccupé par la croissance rapide des charges d’exploitation de la Caisse, qui est selon lui une conséquence de la diversification des activités de l’institution.

« La mission de la Caisse a changé, a-t-il dit. Elle s’est beaucoup internationalisée. Elle a ouvert des bureaux à l’étranger. Ça coûte cher d’aller engager du monde à l’étranger. »

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