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Le salaire minimum au Québec sera porté à 10,55 $ de l’heure à partir du 1er mai 2015, ce qui représente une hausse de 0,20 $ de l’heure. Pour une personne qui travaille 40 heures par semaine, cette hausse représente une augmentation annuelle de 416 $.

Les travailleurs qui reçoivent des pourboires auront pour leur part droit à une hausse de 0,15 $ de l’heure, portant ainsi leur salaire à 9,05 $ de l’heure.

Le ministre du Travail, Sam Hamad, estime qu’il s’agit d’une hausse équilibrée qui va inciter les bénéficiaires de l’aide sociale à réintégrer le marché du travail sans pour autant compromettre la rentabilité des entreprises.

« L’augmentation du 1er mai prochain profitera à plus de 271 500 personnes, dont 163 400 femmes. Elle permettra de préserver le fragile équilibre qui doit prévaloir entre l’amélioration de la rémunération des salariés à faible revenu et la compétitivité des entreprises », a-t-il déclaré.

Toujours selon le ministre, l’augmentation du salaire minimum est de 0,1% supérieure à celle du taux d’inflation prévue en 2015 et aura un impact « minime » de 0,04 % sur la masse salariale des entreprises.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) constate que la hausse affiche une certaine stabilité par rapport à l’an dernier, mais tient à rappeler que les augmentations du salaire minimum créent toujours des distorsions chez les petits employeurs.

« Les travailleurs payés au salaire minimum sont généralement ceux qui ont le moins d’expérience ou d’ancienneté dans l’entreprise. Ainsi, lorsque l’on augmente leur salaire, les travailleurs plus expérimentés ou plus qualifiés vont s’attendre à obtenir une hausse au moins équivalente sinon supérieure. C’est pourquoi nous demandons d’année en année d’éviter les hausses trop marquées, de les maintenir près de l’inflation et de s’assurer que le ratio du salaire minimum par rapport au salaire moyen demeure raisonnable », a affirmé Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale de la FCEI.

Tout simplement insuffisante

Les syndicats et les groupes sociaux jugent pour leur part cette hausse insuffisante pour permettre aux travailleurs à faible revenu d’améliorer leur qualité de vie.

« Le salaire minimum continue d’être à un niveau trop bas pour permettre à ceux et à celles qui le reçoivent de vivre adéquatement. Cette hausse ne leur procure qu’une très faible augmentation de leur pouvoir d’achat », a indiqué le président de la CSN Jacques Létourneau, qui ajoute que ce sont surtout les jeunes et les femmes qui sont payés au salaire minimum. Même en travaillant à temps complet, ces salariés continueront de se situer sous le seuil de faible revenu établi par Statistique Canada.

Le Front de défense des non-syndiqués (FDNS) croit qu’il est essentiel de procéder à des augmentations substantielles du salaire minimum. Selon l’organisme, le taux aurait dû atteindre 11,47 $ de l’heure en 2014. « En se basant sur une semaine de 35 heures, une personne devrait gagner 13,11 $ l’heure pour se sortir de la pauvreté », a affirmé Mélanie Gauvin, du FDNS.

En mai dernier, le salaire minimum avait également été augmenté de 0,20 $, passant ainsi à 10,35 $ de l’heure. En 2008, 2009 et 2010, des augmentations plus substantielles de 0,50 $ par année avaient eu lieu. En 10 ans, le salaire minimum a connu une hausse de 2,90 $ au Québec.

En juin dernier, le gouvernement ontarien a haussé le salaire minimum de 0,75 $, le portant à 11 $ de l’heure. Il s’agit du plus haut taux au pays. À compter du 1er octobre 2015, le salaire minimum sera indexé au coût de la vie dans la province.