Face à des rendements qui s’annoncent anémiques au cours des prochaines années, les caisses de retraite sont plus que jamais à la recherche de nouvelles stratégies d’investissement pour atteindre leurs objectifs. Mais la diversification est-elle réellement une solution viable pour réduire le risque des portefeuilles?

Pour Christian Robert, vice-président, solutions d’investissement et investissement guidé par le passif chez Addenda Capital, les investisseurs devraient avant tout chercher à comprendre l’incidence de la recherche de rendement sur les risques.

« Les investisseurs ne comprennent pas toujours bien les effets de la diversification. L’ajout de nouvelles classes d’actifs n’a pas forcément pour effet de diversifier les facteurs de risque », a-t-il expliqué mardi lors d’une conférence organisée par la firme de gestion d’actifs.

Il prend l’exemple d’un portefeuille dit équilibré constitué de 50 % d’actions canadiennes et de 50 % d’obligations canadiennes. Malgré la diversification en matière de catégories d’actifs, près de 90 % des risques proviennent des actions.

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Et même en diversifiant la portion actions du portefeuille, en y ajoutant des titres américains et internationaux, sa contribution au risque demeure sensiblement la même, malgré une légère baisse de la volatilité de 8 % à 6 %. « Pas moins de 90 % de ce 6 % de volatilité est lié aux actions, et donc aux facteurs de risque qui influencent la performance de cette catégorie d’actifs », souligne Christian Robert.

L’approche traditionnelle en répartition d’actifs consiste à ajouter des catégories d’actifs qui sont faiblement corrélées dans le but de réduire le niveau de volatilité. Mais le problème avec cette approche, expose le gestionnaire, c’est que la corrélation varie dans le temps.

La corrélation entre les actions et les obligations a ainsi été négative de 2002 à 2008, puis positive dans les années qui ont suivi la crise, avant de redevenir négative à la fin de 2013.

Identifier les facteurs de risque

Comment les investisseurs devraient-ils aborder la construction de leur portefeuille si l’approche traditionnelle ne remplit pas ses promesses? Dans un monde idéal, en diversifiant les actifs en fonction de leurs facteurs de risque, soutient Christian Robert.

Car si des catégories d’actifs peuvent sembler fort différentes à première vue, elles ont souvent de nombreux facteurs de risque en commun. Les actions et les obligations partagent notamment les risques de volatilité, d’inflation, de devises et de liquidité.

« Ce n’est pas parce qu’on diversifie les sources de rendement que l’on diminue réellement les risques. Le processus de la répartition du risque cherche la diversification en fonction des sources de primes de risque », affirme-t-il, en concédant toutefois qu’il n’est pas réaliste actuellement de gérer un portefeuille intégralement selon cette approche.

L’important est donc d’identifier les facteurs de risques sous-jacents aux différents types d’actifs. « Il faut aller plus loin que l’approche traditionnelle et ne pas se limiter à surveiller la volatilité en fonction de l’ajout ou du retrait de certaines classes d’actifs », conclut M. Robert.

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