Les employeurs ont une lourde responsabilité : rendre leurs travailleurs heureux dans toutes les sphères de leur vie. Rien de moins.

C’est en tout cas la profonde conviction de Martin Gauthier, président de Sid Lee Montréal. « Pour l’amour du ciel, remplacez le terme ressources humaines par quelque chose de plus humain. Des ressources c’est jetable », a-t-il lancé la semaine dernière devant les participants de la première édition du CultureFest MTL. Organisé par l’entreprise de génie logiciel GSOFT, l’événement était consacré aux tendances émergentes en matière de culture d’entreprise et de gestion des employés.

Chez Sid Lee, on parle dorénavant de gestion des talents plutôt que de ressources humaines. Mais le changement n’est pas que terminologique, a insisté le président de l’agence de publicité. « À une certaine époque, nous avons littéralement échappé notre culture d’entreprise. Nous avions la réputation de ne pas toujours bien traiter nos employés. Plusieurs d’entre eux nous ont d’ailleurs quitté. On essaie de régler ça », a avoué Martin Gauthier.

Les erreurs commises par l’entreprise lui ont servi de leçon : pour que les employés soient productifs et aient envie de rester, il faut faire en sorte qu’ils soient heureux. « S’ils sont heureux au travail, il y a bien plus de chance qu’ils soient heureux dans les autres sphères de leur vie », a-t-il souligné.

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Les avantages sociaux, une base

Avant de se lancer dans de grandes réflexions philosophiques sur les valeurs de l’organisation, tout employeur qui se respecte devrait offrir quatre éléments de base à ses employés, estime Martin Gauthier : un régime d’assurance collective, un régime de retraite (au moins un RVER), des congés de maladie payés et l’équité entre les hommes et les femmes, autant du point de vue des salaires que des opportunités d’avancement.

« Nous ne sommes pas très bons sur ce dernier point, admet le dirigeant. Nous avons seulement une femme à notre comité exécutif. Il faut vraiment qu’on se penche là-dessus. »

À ces quatre piliers doivent s’ajouter diverses initiatives pour favoriser le bien-être et le bonheur au travail. Chez Sid Lee, ces mesures incluent des journées de télétravail, des politiques claires en ce qui concerne le temps supplémentaire, les vendredis après-midi libres l’été, les retours de congés de maternité progressifs et l’accent mis sur la formation des employés.

Au-delà de l’approche traditionnel

L’agence a aussi mis en place certaines initiatives plus « créatives », comme la possibilité pour les employés de travailler sur des projets personnels sur les heures de travail, budget inclus. Faisant de la beauté de l’environnement de travail une priorité, Martin Gauthier a également expliqué allouer de petits budgets aux travailleurs de l’agence pour qu’ils puissent personnaliser leur espace de travail.

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Pour garder les troupes motivées, un calendrier d’événements est élaboré tous les mois. Les partys de toute sorte y font une présence remarquée, mais il contient aussi d’autres moments de célébration, comme le dorénavant célèbre « Gala des morons », qui souligne les plus grosses erreurs commises par la firme durant l’année… dans le but bien sûr de ne pas les reproduire!

Le bonheur pour mesurer la performance

Toujours dans le cadre du CultureFest MTL, l’entrepreneur et homme d’affaires montréalais Alexandre Taillefer a tenu sensiblement le même discours que le président de Sid Lee en expliquant comment il s’attelait à améliorer les conditions de travail des chauffeurs de taxi de la métropole grâce à son entreprise Téo Taxi.

« On pense beaucoup à la productivité et à diminuer à tout prix les coûts d’opération, mais cela ne doit pas se faire au détriment des employés, a-t-il lancé. Les entreprises devraient avant tout être jugées en fonction du bonheur de leurs employés. Il faudrait introduire un indice de mesure du bonheur dans les organisations. »

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