Si aucune mesure n’est prise, le système de santé canadien ne sera plus viable dans 25 ans, si l’on se fie à une étude publiée conjointement par l’Institut canadien des actuaires et la Society of Actuaries, Viaiblité du système de soins de santé du Canada et répercussions sur la révision du Transfert canadien en matière de santé 2014.

Les coûts en matière de santé atteindront des niveaux si importants, si l’on se fie aux taux de croissance actuels, que les provinces et territoires canadiens devront consacrer 97 % de leurs revenus totaux aux dépenses de santé dans 25 ans, comparativement à 44 % l’année dernière, et en tenant compte du Transfert canadien en matière de santé (TCS).

Et les modifications proposées au TCS, qui rappelons-le, offre aux provinces et territoires un soutien financier en matière de santé, qui devraient entrer en vigueur en avril prochain, ne vont pas améliorer les choses. Pour les deux organismes, il faudra faire d’importants changements, notamment pour freiner la hausse des coûts de santé, qui seront principalement dus au vieillissement de la population et à la faible croissance du PIB.

On lit, dans l’étude, qui par ailleurs tient compte des changements démographiques qui surviendront au Canada, que les provinces et territoires verront leurs dépenses en matière de santé gonfler de 133 %. C’est donc dire qu’elles atteindront près de 315 milliards de dollars dans 25 ans, ce qui correspondra à 86 % des revenus autonomes des provinces et territoires en 2037, comparativement à 135 milliards en 2012.

Selon l’étude, les modifications au TCS auront pour effet de restreindre les revenus disponibles des provinces et des territoires, et par le fait même, « leur capacité à financer de manière adéquate leurs dépenses en santé ». Les provinces et territoires éprouveront également de la difficulté à financer d’autres services, comme l’éducation, le bien-être social et les infrastructures.

« Contrairement à plusieurs prévisions antérieures concernant les coûts futurs du système de santé canadien, le présent rapport est fondé sur l’application de techniques actuarielles permettant de saisir directement la hausse des coûts associés à la santé attribuable au vieillissement de la population, explique Stéphane Levert, FSA, FICA, chercheur principal dans le cadre de cette étude. Le financement des dépenses futures en santé sera très ardu pour les gouvernements provinciaux et territoriaux. Cette étude en arrive à la conclusion que si les modifications proposées à la formule de calcul entraient en vigueur, le TCS ne financerait que 14,3 % des dépenses en santé des provinces et des territoires, comparativement à 21 % aujourd’hui et à 22,9 % après 25 ans. »

« Les constatations de ce rapport confirment que même sans qu’aucune modification ne soit apportée au TCS, les provinces et territoires auront du mal à financer les dépenses futures en santé, ajoute Gary Walters, FSA, FICA, FIA et membre du groupe chargé de la supervision du projet. J’espère que les responsables des politiques tiendront compte des résultats de cette recherche dans l’élaboration de stratégies de financement, notamment pour ce qui est de contenir les coûts associés à la prestation des soins de santé et de mettre en œuvre des mesures de relance économique afin d’accroître les revenus des provinces et territoires tout en maintenant la qualité du système de santé pour tous les Canadiens. »