Malgré les difficultés éprouvées par les régimes de retraite à prestations déterminées (PD) au Canada au cours des deux dernières décennies, les employeurs canadiens qui sont promoteurs de ces régimes semblent plus déterminés à les maintenir que les entreprises des États-Unis ou du Royaume-Uni, selon le 3e Sondage mondial sur les risques liés aux régimes de retraite 2011, mené par Aon Hewitt. Par conséquent, les promoteurs de régimes canadiens élaborent de plus en plus de stratégies de gestion des risques à long terme.

Sur les 630 promoteurs de régimes qui ont répondu au sondage mondial plus tôt cette année, 106 proviennent du Canada. Ces régimes canadiens représentent un actif total de 65 milliards de dollars et 525 000 participants. Plus des deux tiers (68 %) des répondants canadiens sont des promoteurs du secteur privé.

« On a certainement observé une diminution du nombre d’entreprises canadiennes dotées d’un régime à prestations déterminées au fil des ans », affirme Étienne Dubé, vice-président au bureau d’Aon Hewitt à Montréal. « Toutefois, toutes proportions gardées, plus de régimes PD sont maintenus dans ce pays que dans d’autres. Trente-neuf pour cent des répondants canadiens au sondage de 2011 ont fermé leur régime PD pour les nouveaux participants. Selon les résultats du sondage, ce taux s’approche de 80 % aux États-Unis et au Royaume-Uni. »

Pourquoi les promoteurs canadiens conservent-ils leur régime PD?
Lorsqu’on leur demande pourquoi ils continuent à offrir des régimes PD, les promoteurs canadiens donnent trois raisons principales :

1. Le régime PD va dans le sens de la philosophie de rémunération globale de l’entreprise (26 %);
2. Pression des syndicats (21 %);
3. Problèmes de concurrence (15 %).

« Ce sont toutes de bonnes raisons pour conserver un régime PD, commente M. Dubé. Les mesures prises par les organismes de réglementation pour résoudre la crise de provisionnement permettent de maintenir ces régimes. Cependant, pour que les régimes PD demeurent viables à long terme, les entreprises s’intéressent aux stratégies de gestion des risques auxquelles elles ont accès. »

Gestion des risques liés aux régimes de retraite
Étant donné l’engagement des promoteurs envers les régimes PD au Canada, il est encourageant de constater que la proportion de répondants qui n’ont pas de stratégie à long terme mise en place pour leur régime a diminué considérablement, passant de 44 % il y a un an à seulement 25 % aujourd’hui.

« Cette année, un peu plus de la moitié des répondants ont indiqué que leur stratégie à long terme consiste à réduire les risques, le plus souvent au moyen d’une stratégie liée à la situation financière de leur régime », explique André Choquet, conseiller principal en placement d’Aon Hewitt. « Habituellement, les entreprises s’attendent à réaliser leur stratégie à long terme sur une période de cinq à dix ans. Dans de nombreuses provinces, cela correspond à la fin de la période d’application des mesures d’allègement et à la période d’amortissement de cinq ans des déficits de solvabilité prévus qui seront alors révélés. »

Parmi les mesures adoptées par les promoteurs de régimes pour réduire les risques, on retrouve des modifications apportées aux dispositions du régime de même qu’à la politique de placement, en augmentant la diversification pour réduire les portefeuilles d’actions canadiennes et d’obligations à moyen terme et augmenter les portefeuilles d’actions mondiales, d’obligations à long terme et de placements non traditionnels. Les entreprises revoient également leur politique de provisionnement et leur stratégie de cotisations.

En outre, la popularité des politiques de placement dynamiques devrait augmenter, 5 % des répondants ayant déjà mis en œuvre une forme de politique dynamique et 19 % des répondants prévoyant le faire au cours de la prochaine année. Cette tendance s’explique par le fait que les politiques dynamiques, en particulier celles qui réduisent les risques à mesure que le taux de provisionnement du régime s’améliore, sont perçues comme étant une approche prudente de réduction des risques, qui diminue les coûts à long terme tout en éliminant l’aspect émotionnel des décisions relatives à la répartition de l’actif.

« Le suivi de l’exposition aux risques des régimes est un élément important d’une stratégie efficace de gestion des risques », déclare M. Dubé. « Les résultats du sondage indiquent que 57 % des répondants surveillent les risques liés à leurs régimes de retraite, contre 45 % en 2009. La surveillance des risques comprend la revue régulière de l’actif, du passif et du taux de provisionnement du régime. »

Étant donné que la gestion des risques liés aux régimes de retraite accapare plusieurs ressources pour un promoteur de régimes, surtout lorsque les stratégies dynamiques et le suivi du taux de provisionnement entrent en jeu, les répondants au sondage ont également démontré un intérêt accru envers la délégation d’une plus grande partie du processus de gestion des placements.

« Les promoteurs se rendent compte que dans les marchés qui évoluent rapidement, la prise de décision seulement aux trimestres peut faire rater des occasions intéressantes », affirme M. Choquet. De même, la complexité croissante du secteur des placements, comprenant de nouvelles catégories d’actif et de nouveaux mandats et produits, exerce une forte pression sur les membres des comités de retraite. »

La plupart des sociétés délèguent déjà certains aspects de la gestion des régimes de retraite à un tiers. Les promoteurs envisagent de plus en plus de recourir à un vaste éventail de nouveaux services de placement. Ainsi, de 2009 à 2011, le pourcentage de répondants ayant indiqué qu’ils délèguent déjà ou qu’ils comptent déléguer l’application de leur politique de placement au complet est passé de 20 % à 37 %.