L’Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic (AQRP) ne voit pas d’un bon œil l’entente commerciale conclue mardi entre le gouvernement du Québec et la Caisse de dépôt et placement et s’inquiète des effets dommageables qu’elle pourrait avoir sur la retraite des Québécois.

« Les retraités sont favorables au développement économique du Québec pourvu qu’il ne contrevienne pas à l’obligation d’indépendance et d’intégrité de nos institutions collectives, a déclaré le président de l’AQRP, M. Donald Tremblay. Quelles seront les remparts mis en place pour éviter de brimer l’indépendance de la Caisse dans ses décisions de placement alors que dans l’entente commerciale, il est spécifié que les risques liés au revenu, au rendement, à la construction et à l’exploitation des projets choisis sont à la charge des déposants? »

L’organisme redoute aussi que de potentiels dépassements de coûts, comme ceux qu’ont connus les projets de l’Îlot Voyageur et du CHUM, aient un impact négatif sur le rendement de la Caisse, ce qui mènerait éventuellement à la restructuration à la baisse des régimes de retraite publics et parapublics. L’AQRP rappelle également que de mauvaises décisions d’investissements de la Caisse de dépôt ont déjà entraîné de lourdes pertes financières par le passé, ce qui a affecté la confiance des déposants.

L’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ-CSQ) craint elle aussi que la Caisse entraîne les épargnants dans des choix d’investissements précipités ou risqués et incite l’investisseur institutionnel à faire preuve de prudence.

« Nous disons oui au développement économique, mais nous disons fermement non au gambling avec notre bas de laine. Nous exhortons donc la Caisse à la plus grande prudence pour éviter de mettre nos économies à risque », a souligné le président de l’AREQ, Pierre-Paul Côté.

Rentabilité et indépendance

À Québec, les partis d’opposition ont émis de sérieuses réserves quant à la place que prendra la Caisse de dépôt et placement dans le financement des infrastructures au Québec.

Le Parti québécois craint que le SLR sur le pont Champlain et le train de l’Ouest coûtent plus cher aux citoyens et aux utilisateurs pour permettre à la Caisse de générer des rendements.

« Les infrastructures de transport collectif sont un service public, non pas une entreprise qui génère des profits d’exploitation, à moins de gonfler les tarifs ou de miser sur la spéculation foncière », a déclaré le chef de l’opposition officielle, Stéphane Bédard.

À la Coalition Avenir Québec, c’est surtout la possibilité de voir l’indépendance de la Caisse diminuée par des commandes politiques qui est source d’inquiétude. « Il faut qu’un mur de feu soit maintenu entre la Caisse de dépôt, le gouvernement et la pression sociale », a affirmé le porte-parole de la CAQ en matière de finances publiques, François Bonnardel.

Les députés de Québec Solidaire affirment pour leur part qu’un tel partenariat pave la voie à la privatisation des infrastructures de la province.

À lire : La Caisse financera de grands projets d’infrastructure québécois