Nathalie de Marcellis-Warin

Alors que le monde connaît actuellement la quatrième révolution industrielle de son histoire, il est impossible de faire abstraction des conséquences qu’auront les nouvelles technologies sur le marché de l’emploi.

« L’impression 3D, l’intelligence artificielle, les drones, la blockchain, les robots… ces technologies qui semblaient futuristes il n’y a encore pas si longtemps ont toutes des applications concrètes aujourd’hui », a soutenu Nathalie de Marcellis-Warin, présidente-directrice générale du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).

Les drones permettent par exemple aux assureurs de dommages d’évaluer la quantité de neige sur les toits des entrepôts qu’ils assurent, tandis que des hologrammes ont déjà commencé à remplacer des professeurs d’université en donnant des conférences à travers le monde. C’est sans parler des fameux robot-conseillers dans le secteur financier, ou encore des robots-avocats capables d’analyser en quelques secondes autant de documentation qu’un professionnel du droit en 360 000 heures de travail.

« Les robots sont aujourd’hui capables de faire mieux que les humains dans certains domaines, notamment les diagnostics médicaux », a indiqué la professeure titulaire au département de mathématiques et de génie industriel de Polytechnique Montréal.

Si les robots sont ou seront bientôt en mesure de réaliser certaines tâches pénibles, répétitives et risquées, ce qui représentera un atout pour la société estime Mme de Marcellis-Warin, ils mèneront aussi à des pertes d’emplois.

Les employés et les organisations sont-elles prêtes pour une telle révolution? Une étude du CIRANO a révélé que la plupart des Québécois estiment que l’intelligence artificielle va modifier les tâches de nombreux travailleurs, causer des pertes d’emploi et déshumaniser certains services. En revanche, seulement 17 % des travailleurs de la province estiment qu’elle va leur faire perdre leur emploi.

L’inquiétude est surtout palpable chez les gens à faible revenu et peu scolarisés. « Ils se demandent comment se mettre à jour et ont peur d’avoir de la difficulté à se trouver un nouvel emploi.

Les hommes et les jeunes se montrent toutefois plus optimistes dans l’ensemble. Ils soulignent notamment les gains de productivité qu’il sera possible de réaliser grâce aux robots.

« Les gouvernements doivent trouver des moyens d’aider les employés qui vont perdre leur emploi, assurer la sécurité des données, et encadrer adéquatement le développement de l’intelligence artificielle d’un point de vue éthique », souligne Nathalie de Marcellis-Warin.

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