Les perturbations boursières de l’été, de même qu’une baisse des taux d’intérêt à long terme, ont fait chuter la solvabilité des régimes de retraite au troisième trimestre.

L’indice de Mercer sur la santé financière des régimes de retraite, qui illustre le ratio de solvabilité d’un régime de retraite hypothétique, se chiffrait à 93 %, en baisse par rapport aux 98 % enregistrés au 30 juin; il était de 94 % en début d’année.

Le ratio de solvabilité médian des régimes de retraite des clients de Mercer s’est quant à lui établi à 87 %, un recul par rapport aux 92 % du début du troisième trimestre et aux 90 % du début de l’année.

« Les marchés boursiers ont enregistré des rendements négatifs au troisième trimestre et le rendement des obligations fédérales à long terme a chuté de quelque 10 points de base depuis le 30 juin. Pour les régimes qui ne se protègent pas contre les fluctuations de la devise pour leurs placements étrangers, la diminution du ratio de solvabilité a été en partie atténuée par la glissade soutenue du dollar canadien », explique Hubert Tremblay, conseiller principal du domaine Retraite chez Mercer.

« Pour les organisations qui ont misé sur une hausse des taux d’intérêt à long terme, la dernière décennie a été essentiellement une source de déception, ajoute-t-il. Nous croyons que le temps est venu pour les promoteurs de régimes de mettre en place une stratégie de gestion des risques solide, qui repose dans une moindre mesure sur l’espoir d’une hausse des taux d’intérêt. »

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D’autant plus que le niveau de solvabilité des régimes de retraite est appelé à décliner de 1 % à 2 % de plus au quatrième trimestre en raison de l’adoption, par les organismes de réglementation, d’une nouvelle table de mortalité devant servir à établir la valeur des prestations versées aux participants des régimes de retraite sous forme de sommes globales.

Mauvais trimestre en bourse

Selon Mercer, un portefeuille équilibré type d’un régime de retraite aurait produit un rendement négatif de 2,3 % au troisième trimestre, entraîné par la dégringolade des marchés boursiers. Aux États-Unis, les rendements ont été de -5,9 % (en dollars US) tandis que ceux du marché boursier de la zone EAEO se sont chiffrés à -10 % (en monnaie locale).

Les investisseurs canadiens ont toutefois bénéficié de la chute du huard par rapport à la devise américaine, limitant les pertes, en dollars canadiens, à -0,7 % sur le marché boursier américain et à -4,4 % dans la zone EAEO.

Le rendement des actions canadiennes a connu à peu près le même sort et s’est établi à -7,7 % pendant le trimestre, plombé par la performance négative de plusieurs secteurs importants, dont l’énergie, tandis que les actions des pays émergents ont plongé de 12,8 % (en dollar canadien).

De manière générale, les titres à grande capitalisation ont obtenu un rendement supérieur à celui des titres à faible capitalisation au troisième trimestre, et il en a été de même pour les titres de croissance par rapport aux titres de valeur. Du côté des titres des marchés émergents, le troisième trimestre a presque annulé à lui seul les rendements positifs enregistrés au cours des six premiers mois de l’année.

Même constat chez Aon

L’enquête d’Aon a elle aussi révélé une nette baisse de la solvabilité des régimes PD canadiens au troisième trimestre

Selon la firme, le ratio de solvabilité médian au 24 septembre 2015 était de 87,6 %, une baisse de 5,3 % par rapport au trimestre précédent. Seuls 13,6 % des régimes étaient solvables à la fin du trimestre, soit une baisse de 12,9 % par rapport au deuxième trimestre.

Avec ces résultats, les régimes de retraite canadiens renouent avec la tendance à la baisse de la solvabilité, après une brève pause au dernier trimestre (+ 4,8 %). La santé des régimes a été en déclin dans quatre des cinq derniers trimestres, entrainant un niveau de solvabilité médian considérablement inférieur à ce qu’il était il y a un an (91,1 %).

« On a accordé beaucoup d’attention aux marchés canadiens vacillants et à l’incertitude de la situation économique. La vérité est que la volatilité accrue présente un risque au moins aussi grand pour la santé des régimes de retraite que le faible rendement des actions, a déclaré Claude Lockhead, associé exécutif, pratique de la Retraite d’Aon Hewitt. Des régimes bien diversifiés, même ceux exposés majoritairement aux actifs canadiens, sont mieux en mesure de résister à la chute de l’économie canadienne, car ils sont moins exposés aux fluctuations du marché, et donc, peuvent obtenir des rendements plus stables à long terme. »

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