L’opposition au projet de loi 3, qui vise à réformer les régimes de retraite des employés municipaux, prend de l’ampleur avec l’ajout des organismes représentant les personnes retraitées.

Ces organismes, disant représenter des dizaines de milliers de retraités non seulement du secteur municipal, mais aussi d’ailleurs dans le secteur public, dénoncent l’intention du gouvernement Couillard, clairement exprimée dans le projet de loi, de réduire leurs prestations de retraite afin d’éponger les déficits passés de certains régimes.

Ils ont notamment souligné que le projet de loi 3 permet à l’employeur de suspendre, sans négociation, l’indexation des prestations aux retraités, d’abolir l’indexation automatique et de retirer aux retraités des indexations déjà négociées.

« Quinze ans de non-indexation égalent la moitié du pouvoir d’achat qui disparaît », a indiqué le sociologue et gérontologue Jean Carette, professeur retraité de l’UQAM qui est lui-même prestataire d’un régime public.

M. Carette a d’ailleurs souligné que les employeurs du secteur municipal ont déjà manqué à leurs obligations en matière de régimes de retraite, leur reprochant d’avoir pris « unilatéralement des congés de cotisation à même les surplus au lieu de les capitaliser pour les années de vaches maigres, alors que les membres actifs et retraités ont toujours, eux, respecté leurs obligations de financement envers le régime de retraite. »

Par ailleurs, M. Carette a vivement dénoncé le discours des politiciens et employeurs visant à entretenir le préjugé que ces retraités sont « des ‘gras dur’ privilégiés qui, après une carrière paresseuse, jouiraient d’une retraite élevée aux frais du contribuable. »

Selon lui, la réalité est tout autre: « C’est sur nos salaires que sont prélevées les cotisations finançant les rentes et les retraites moyennes ou médianes démontrent le plus souvent une insuffisance et même une pauvreté. »

Couillard ne reculera pas

En marge de la clôture des travaux du congrès-jeunes du Parti libéral du Québec (PLQ), qui s’est tenu la fin de semaine dernière à Sherbrooke, le premier ministre Philippe Couillard a prévenu que Québec ne pouvait pas se permettre de reculer dans ce dossier.

Il importe d’agir dès maintenant, pour assurer la pérennité de ces régimes de retraite, a justifié le premier ministre, en disant penser notamment aux jeunes pompiers et aux jeunes policiers, qui devraient avoir droit aux mêmes privilèges que leurs aînés.

Ainsi, il n’est pas question de remettre en question la décision d’imposer un partage à parts égales des déficits passés des régimes de retraite, une « partie fondamentale du projet de loi », a tranché M. Couillard.

Le premier ministre a affirmé qu’il ne pouvait pas se permettre de reculer. Il s’est dit « peu impressionné » par le choix des moyens de pression privilégiés récemment par certains opposants au projet de loi, qui craignent notamment que leur pension ne soit pas indexée au fil des ans.

La commission parlementaire qui analysera le projet de loi débutera ses travaux le 20 août.

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