Les modèles de planification de la retraite sont désormais banals.

Avec un outil de planification standard, il est possible de prévoir que l’on va mettre, au cours de sa vie, un million de dollars, d’estimer que le rendement de ce placement sera en moyenne de 5 % par année et d’en venir à la conclusion qu’un tel REER procurerait à son propriétaire des revenus annuels de 76 800 $, en incluant les prestations gouvernementales et en tenant compte d’un taux d’inflation de 2 % par année. Si le propriétaire de ce REER vit 20 ans, son budget mensuel devra être de 6400 $ par mois pour satisfaire ses rêves de retraite. Alors, ce million de dollars sera suffisant pour la retraite. Mais, dans la vie, rien n’est aussi simple.

Le problème est l’incertitude
Ce genre de modèle nous procure souvent les meilleures estimations, mais dissimule cependant un nombre élevé d’autres données. La seule chose dont nous pouvons être sûrs est que le rendement annuel ne sera pas de 5 % chaque année. Cinq pour cent (5 %) ne sont pas une moyenne démesurée, mais les placements n’auront pas un tel rendement chaque année. Ils pourront atteindre 10 % ou même 25 % une année et 0 % ou -20 % l’année suivante.

Les structures de rendement vont fortement influencer votre capacité à financer votre retraite. Les rendements espérés ainsi que les structures du rendement − notamment juste avant ou juste après le moment où l’on prend sa retraite − peuvent avoir un grand impact sur le fait d’avoir, oui ou non, assez d’argent pour mener la vie rêvée une fois à la retraite.

Dans le même ordre d’idée, si vous êtes un homme âgé de 60 ans, votre espérance de vie moyenne est de 20 ans encore. Mais vous pourriez vivre jusqu’à 110 ans ou vous faire frapper par un autobus plus tard aujourd’hui.

La planification de la retraite est synonyme d’éventualités − ce qui pourrait arriver et ensuite ce qu’on espère qu’il arrivera. Et l’éventail de choses qui pourraient arriver est excessivement vaste. La solution pour la majorité des gens est de ne pas éliminer l’incertitude. Acheter une rente viagère est une option beaucoup moins populaire pour la plupart des gens que de souscrire à un fonds de revenu de retraite, même si la rente viagère pourrait permettre d’éliminer les risques reliés à la longévité et à l’investissement.

Il y a de nombreux arguments contre le fait d’être pris avec une rente viagère, incluant les coûts de renonciation, le fait que la rente viagère est perçue comme un produit onéreux et la perception que les valeurs mobilières vont performer beaucoup plus que les obligations et que les taux d’intérêt finiront par augmenter. Peut-être que la réforme des régimes de retraite qui promeut les régimes de pension agréés collectifs pourrait assurer aux rentes viagères d’être plus compétitives sur le marché de la retraite. Mais les gens risquent de tout de même préférer la flexibilité de pouvoir contrôler en tout temps leur argent, afin d’être en mesure de dépenser plus si nécessaire, d’avoir la possibilité de faire un legs ou simplement d’être libre de faire ses propres choix.

La solution est la flexibilité
Pour ces gens de plus en plus nombreux qui n’adhèrent pas à un régime de retraite, la solution pour vivre une retraite confortable semble être la conciliation. Chaque personne doit choisir ses compromis entre la gestion des actifs pour la retraite, le bon moment où prendre sa retraite et le style de vie une fois à la retraite.

Nous commençons tous notre vie active avec notre bilan personnel. Notre principal atout est ce qu’on appelle notre capital humain, qui nous permet de payer les dépenses courantes, l’hypothèque et autres dettes personnelles. On espère tous qu’après un certain temps, ce capital humain soit transformé en épargne retraite. Et quand l’épargne retraite dépasse le montant dont on aura besoin pour vivre une fois à la retraite, il est temps de devenir un retraité.
Un article paru récemment dans le Toronto Star a révélé que les Canadiens de plus de 60 ans ont été nombreux à occuper un nouvel emploi après la crise économique de 2008. Dans la plupart des cas, la retraite échelonnée, la retraite ajournée et même le retour au travail sont des exemples du capital humain qui est utilisé pour compenser des résultats d’investissement décevants.

Malheureusement, le marché du travail actuel n’est pas suffisamment flexible pour assurer une sécurité pour tous les plans de retraite. Une autre baisse des marchés peut voir comme conséquences que les baby-boomers pourraient décider de rester au travail ou que la réserve de travailleurs âgés est plus grande, même si la demande ne risque pas d’augmenter. De plus, tous les emplois ne sont pas interchangeables. Un cadre supérieur d’une banque, s’il décide de retourner sur le marché du travail, ne voudra sûrement pas être barista dans un café.

Il y aura donc une demande constante de stratégie d’investissement qui contrôle mieux la volatilité. La majorité des gens ne seront pas prêts à renoncer à certains avantages, par exemple un revenu plus modeste. Il faudra cependant faire des compromis, pour ne pas que se fier trop longtemps sur le capital humain.

Les fonds à échéance n’ont pas procuré la protection qui était promise. En 2008, certains fonds à échéance, qui devaient être les options les plus sécuritaires juste avant la retraite, ont perdu jusqu’à 10 % de leur valeur. De nombreuses techniques, comme des trajectoires de descendante dynamiques, des répartitions d’actif afin de stabiliser la valeur des fonds ou des fonds qui ont des rendements minimums garantis, et, périodiquement, investir des petits montants dans des rentes doivent pouvoir être utilisées pour planifier efficacement la retraite à une date approximative plutôt que dans un avenir flou.

Si les rentes viagères ne font pas partie du plan de retraite, il faut tout de même protéger les actifs de la volatilité des marchés après la retraite. Pour ceux qui peuvent mettre en place une solution personnalisée, un portefeuille normal devrait inclure des actifs d’appariement afin de pouvoir vivre les premières années avec l’argent provenant des actions et conserver les autres actifs pour les dépenses dans un avenir plus lointain. Avec le temps, la portion d’appariement du portefeuille se renfloue, après une période où les actifs plus risqués auront très bien performé (on l’espère).

En général, dans un monde où les risques d’investissement et les risques de longévité ont été transmis aux individus plutôt que d’être l’apanage des régimes de retraite à prestations déterminées, il faut absolument être plus flexible quand on crée un plan de retraite, quand on choisit ses placements, quand on détermine quel sera son style de vie une fois à la retraite et en pensant au nombre d’années que durera notre retraite.