Le budget déposé jeudi dernier par le ministre des Finances, Carlos Leitao, contient plusieurs mesures destinées aux retraités et aux aînés. Parmi elles figure la bonification du crédit d’impôt pour les travailleurs d’expérience.

Issue d’une recommandation du rapport Godbout, la mesure vise à limiter les effets de la pénurie de main-d’œuvre anticipée en incitant les travailleurs de plus de 60 ans à demeurer plus longtemps sur le marché du travail.

Le crédit d’impôt pour les travailleurs d’expérience sera ainsi bonifié graduellement sur une période de trois ans, et ce, à compter du 1er janvier 2016. Le budget prévoit une baisse graduelle de l’âge d’admissibilité de 65 à 63 ans ainsi qu’une hausse graduelle du montant maximal de revenu de travail excédentaire admissible qui atteindra 10 000 $ en 2018 pour les travailleurs âgés de 65 ans ou plus. Notons que le revenu de travail excédentaire correspond au revenu de travail gagné au cours d’une année qui excède 5 000 $.

Ces bonifications devraient permettre à 16 800 aînés de plus de bénéficier du crédit d’impôt d’ici 2020 et coûteront 27 millions de dollars au gouvernement en 2016-2017. Ce sont par ailleurs les sommes dégagées grâce à la hausse graduelle de l’âge d’admissibilité au crédit d’impôt en raison de l’âge, qui passera de 65 à 70 ans, qui permettront de financer cette mesure.

Une mesure insuffisante

Même si elle accueille favorablement la bonification du crédit d’impôt pour travailleurs d’expérience, l’Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic (AQRP) juge la mesure insuffisante pour réellement valoriser l’activité professionnelle des travailleurs âgés.

L’organisme soutient que les employeurs devront développer des stratégies ciblées pour mettre en place de meilleures conditions d’intégration, de maintien et d’adaptation en milieu de travail pour les gens âgés de plus de 60 ans. « Le gouvernement entend inciter les aînés à demeurer sur le marché du travail sans s’assurer de la réelle volonté des employeurs à utiliser et retenir leurs services », a déploré Donald Tremblay, président de l’AQRP.

Par ailleurs, la bonification du crédit d’impôt pour travailleurs d’expérience au détriment du crédit d’impôt en raison de l’âge pénalisera grandement les personnes âgées qui ne peuvent plus travailler en raison de leur état de santé, selon l’organisme.

« Inciter les personnes aînées à demeurer actif est légitime, mais l’image que le ministre envoie de façon générale est qu’il est prêt à soutenir les aînés qui se portent le mieux, pas ceux qui sont contraints de quitter le marché du travail prématurément. On assiste à un budget aux visées méritoires, avec les bons points que cela comporte, mais également avec ses conséquences, car il ne faut pas croire que tous les aînés peuvent suivre le même rythme », a affirmé Donald Tremblay.

L’Association québécoise pour la défense des droits des retraités (AQDR) juge pour sa part que cette mesure découle d’une vision restrictive du rôle des aînés en tentant de les maintenir le plus longtemps possible en emploi. « Il ne faut pas oublier que les retraités sont souvent des proches aidants et que même s’ils ne travaillent plus, les aînés contribuent aussi à leur communauté par leur importante participation sociale », a souligné Judith Gagnon, présidente de l’AQDR.

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