Les promoteurs de régimes à prestations déterminées se donnent de nouvelles priorités à la suite des événements économiques des deux dernières années. Certains changements de comportements sont plus marqués aux États-Unis et au Canada qu’en Europe. C’est l’un des constats du sondage mondial 2010 auprès des régimes à prestations déterminées, mené par la firme Pyramis Global Advisors.

Cette société de Fidelity Investments présentait la semaine dernière à Montréal les principaux résultats du sondage. Les promoteurs de 466 régimes de retraite privés et publics, situés dans 13 pays, ont été questionnés. Ces régimes gèrent en tout un actif supérieur à 2 billions de dollars américains. Pour une septième année consécutive, le sondage prend donc le pouls des chefs de placements, des trésoriers et des directeurs généraux de ces régimes. La portion canadienne du sondage a été réalisée en collaboration avec le Canadian Institutional Investment Network.

Les résultats du sondage jettent une lumière sur les principales leçons tirées de la crise financière. Ainsi, 67 % des répondants canadiens se disent d’accord avec l’affirmation suivante : « nous devons mieux apparier l’actif et le passif ». Aux États-Unis, ce sont 70 % des régimes privés qui répondent également par l’affirmative à cette question. « Cela traduit un état d’esprit où les promoteurs pensaient que leurs régimes étaient suffisamment financés pour répondre à leurs obligations. Mais les événements très particuliers des deux dernières années leur ont montré que ce n’était pas le cas », souligne Peter Walsh, vice-président principal, stratégies de placement mondiales, chez Pyramis Global Advisors.

Se protéger contre le risque
Une autre préoccupation des gestionnaires de régimes est la protection contre les retournements du marché. Au Canada, 68 % des répondants sont d’accord avec l’affirmation : « nous devons accroître notre protection contre le risque de perte en cas de baisse ». C’est du côté des régimes publics américains que cette préoccupation se fait la plus pressante, avec un taux d’approbation de 91% à cette affirmation. « Encore là, les promoteurs de régimes se disaient « nous sommes protégés car nos investissement sont diversifiés « . Mais ce degré de diversification ne s’est pas avéré suffisant lorsque tous les marchés ont chuté avec une forte corrélation », dit M. Walsh.

En Europe, les gestionnaires des régimes à prestations déterminés ne semblent pas avoir vécu ces événements de la même façon. Seulement 22 % des répondants européens disent : « nous devons mieux apparier l’actif et le passif ». De même, seulement 34 % des répondants européens disent : « nous devons accroître notre protection contre le risque de perte en cas de baisse ».

Deux préoccupations rallient cependant les promoteurs de régimes nord-américains et européens. À l’affirmation « nous devons améliorer notre gestion du risque », le taux d’approbation varie entre 60 % et 45 %, tous pays confondus. De même, l’affirmation « notre diversification n’était pas aussi poussée que nous l’avions cru » recueille entre 38 % et 47 % d’approbation, tous pays confondus.

Contrer la volatilité
Les sondeurs de Pyramis ont également cherché à connaître la définition de la notion de volatilité que les gestionnaires de régimes utilisent. « Le principe étant que la définition donnée au risque façonne les stratégies que l’on adopte pour le gérer », rappelle Peter Walsh. La définition de la volatilité la plus souvent mentionnée par les répondants est « l’instabilité de l’actif », soit les hausses et baisses des retours sur investissements. En Europe, les gestionnaires de régimes donnent cette définition à la volatilité dans une proportion de 60 %. Il s’agit d’un taux similaire aux réponses données par les régimes publics américains, soit 61%. Du côté du Canada, ce sont 37 % des régimes sondés qui ont donné comme définition de la volatilité « l’instabilité de l’actif ».

La deuxième définition de la volatilité la plus souvent évoquée est « la fluctuation de la situation de financement ». Au Canada, 41 % des régimes ont donné cette définition de la volatilité. De même, 47 % des régimes privés américains ont donné cette définition. En Europe, ce sont seulement 19 % des régimes qui ont donné cette définition.

Le sondage analyse ensuite les stratégies de placement que les régimes adoptent pour contrer la volatilité. Au Canada, 46 % des répondants ont mentionné comme stratégie « diversifier grâce aux placements alternatifs ». Cette catégorie englobe l’immobilier, les fonds de couverture et les placements privés. À ce sujet, le gestionnaire de Fidelity fait cependant une certaine mise en garde : « Plusieurs de ces placements sont par nature bloqués pour une période de deux ou trois ans. En cas de nouvelle crise de liquidités, il peut être difficile de vendre ces investissements. Il serait alors dommage d’avoir à se départir de placements qui fonctionnent bien. »