Les citoyens du Canada, mais aussi les chefs d’entreprises doivent « s’adapter à la réalité des faibles taux d’intérêt » sur de longues périodes, a averti le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz. Cette « réalité » semble en voie de perdurer pendant des années, a-t-il noté.

À sa première sortie dans la ville de Québec depuis qu’il a pris la tête de l’institution, en 2013, M. Poloz a signalé que la faiblesse des taux n’était pas qu’une bonne nouvelle pour la population.

Le haut fonctionnaire a blagué en affirmant que des jeunes l’abordaient régulièrement en le remerciant « de garder les taux d’intérêt bas », prenant même des égo-portraits en sa compagnie.

À lire : Gérer les risques des avantages sociaux, une question de mesure

Devant une salle bondée, il a cependant établi que les jeunes souffriraient aussi de la situation, même si elle allège les mensualités de leur hypothèque. Il leur sera plus difficile de préparer leur retraite parce qu’ils devront y consacrer plus d’argent, en investissant des sommes qui rapporteront moins.

En conférence de presse, le gouverneur de la banque centrale a ramené le tout à une question « d’arithmétique ». Les gens vivent plus longtemps et les taux d’intérêt sont plus bas. Il faut ajuster le plan « pour quitter le monde de l’emploi ».

Stephen Poloz a soulevé le fait que les Canadiens avaient raison de craindre que ces bas taux d’intérêt sur une période prolongée compliquent le financement de leur retraite. « Je compatis à leurs inquiétudes, que je peux très bien comprendre. » Un message adressé particulièrement « aux personnes âgées qui comptaient financer leur retraite grâce aux revenus d’intérêt générés par l’épargne de toute une vie ».

À lire : Les Québécois ne célèbrent pas assez leurs entreprises

L’allongement de l’espérance de vie complique la situation, a expliqué le haut fonctionnaire de carrière qui a aussi été économiste et chef de la direction d’Exportation et Développement Canada de 1999 à 2011. Il faut financer une retraite qui dure encore plus longtemps, a-t-il poursuivi.

« Les entreprises doivent aussi s’y habituer en réduisant leurs attentes quant aux rendements futurs des investissements », a-t-il poursuivi. Compter sur des niveaux de rendement semblables à ceux qui prévalaient avant la crise de 2008 nuirait à l’investissement, à la croissance et à la création d’emplois, selon lui.

« Si les entreprises maintiennent leurs taux critiques de rentabilité au niveau [des années passées], elles ne risquent pas d’investir de sitôt. Et la croissance, la productivité et la création d’emplois ne seront pas à la hauteur de nos attentes, ni à celles [des firmes]. »

M. Poloz a insisté sur une approche budgétaire qui s’appuie sur des investissements gouvernementaux pour relancer l’économie. « Un des grands obstacles à la croissance des entreprises de partout est la faiblesse des infrastructures. »

À lire : Avenir du RRQ : Québec consultera cet automne