La création d’un régime national d’assurance médicaments au Canada n’enthousiasme guère les provinces, qui accusent Ottawa de ne pas financer adéquatement les programmes déjà en place.

Réunis en Conseil de la fédération lundi, les premiers ministres provinciaux et territoriaux ont accueilli froidement la promesse électorale du gouvernement de Justin Trudeau de mettre en place un régime public pancanadien, rapporte Le Devoir.

« Ne commencez pas à élargir le système de santé si vous n’êtes pas en mesure de le financer correctement. L’assurance médicaments, on peut regarder cela plus tard. Commençons par obtenir un financement suffisant pour la santé », a lancé le premier ministre conservateur du Manitoba, Brian Pallister, en conférence de presse.

Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Dwight Ball, déplore qu’Ottawa ne finance plus que 20 % des coûts du système de santé au pays. « La dernière chose qu’on veut voir est la mise en place d’un système qui s’érodera par la suite », a-t-il affirmé.

Pour le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, un tel régime, s’il venait à voir le jour, devrait être financé entièrement par Ottawa.

Même le premier ministre néodémocrate de la Colombie-Britannique, John Horgan, n’est pas emballé par l’éventuelle création d’un régime national d’assurance médicaments. « Nous sommes ouverts à avoir une discussion sur l’implantation d’une assurance médicaments nationale, mais ceux d’entre nous qui avons déjà un programme d’importance en place préféreraient revenir à un partage plus équitable des ressources pour financer la santé », a-t-il dit, se dissociant ainsi de la position des néodémocrates fédéraux.

La création d’un régime pancanadien est en effet une priorité pour le parti de Jagmeet Singh, qui compte bien faire de cet enjeu une condition essentielle pour donner son appui au gouvernement minoritaire de Justin Trudeau à la Chambre des communes.

Les premiers ministres ont aussi insisté sur le fait que « tout régime pancanadien proposé devra être conçu en partenariat avec les provinces et territoires ».

Le Québec et l’Alberta particulièrement récalcitrantes

Le premier ministre du Québec, François Legault, a affirmé que la province se retirerait de tout programme fédéral d’assurance médicaments, et a convaincu ses homologues d’exiger d’Ottawa le droit pour une province de se retirer du programme « avec pleine compensation financière ».

Sur cette question, François Legault a reçu l’appui du premier ministre albertain, Jason Kenney, qui souligne que la position de l’Alberta est exactement la même que celle du Québec.

Plutôt que la mise en place d’un régime national d’assurance médicaments, les provinces réclament d’Ottawa une augmentation annuelle de 5,2 % des transferts en santé.

La création d’un régime national coûterait entre 3,5 et 15 G$ par année dépendant de l’étendue de la liste de médicaments couverts, selon les conclusions du conseil consultatif mis sur pied par Ottawa pour étudier la mise en place d’un tel programme.