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Dans le cadre d’un midi collectif, présenté par l’ICRA, le 17 janvier dernier, Pierre Marion, directeur principal, Ventes et relations avec la clientèle, à la Croix Bleue Medavie, est venu discuter de l’impact de la réforme des médicaments au Québec.

Cette importante réforme du programme d’assurance médicaments fait suite à celle lancée par l’Ontario l’an dernier. La réforme de l’Ontario, qui visait à assurer l’accessibilité et la pérennité du régime public, a déclenché plusieurs changements tant pour les régimes publics que pour les régimes privés, un peu partout au Canada.

Deux éléments revisités
Selon des récentes données de IMS, les génériques sont de plus en plus populaires auprès de la population canadienne. En 2009, ils représentaient 54,3 % des prescriptions au pays et 22 % des coûts liés aux dépenses en médicaments.

La réforme québécoise a surtout revu deux éléments clés de l’assurance médicaments, soit la réduction graduelle du coût d’acquisition des génériques par rapport aux médicaments d’origine sur une période de trois ans ainsi qu’une réduction des frais d’exécution associés aux services offerts par les pharmaciens.

« Le coût des médicaments génériques se situe présentement à 37,5 % de son équivalent d’origine », a déclaré M. Marion, lors de sa présentation. « À partir d’avril prochain, ce coût baissera à 30 % du médicament d’origine, pour éventuellement atteindre 25 % en avril 2012 ».

La réforme prévoit aussi que les indeminités professionnelles des pharmaciens soient graduellement réduites d’ici 2013 pour passer d’un maximum de 20 % à un maximum de 15 %.

Des défis de taille
M. Marion prévoit que les dépenses en médicaments continueront d’augmenter, notamment à cause du vieillissement de la population qui se poursuivra dans les prochaines années. Par ailleurs, l’arrivée massive des médicaments biologiques et des médicaments spécialisés, qui sont plus coûteux, fera en sorte de voir la facture liée aux dépenses en médicaments continuer d’augmenter, en dépit du ralentissement du nombre de nouveaux médicaments sur le marché et la réduction du prix des génériques.

« Il faudra voir l’impact du transfert des marges bénéficiaires qui était jusque-là associées aux régimes public vers les régimes privés », a indiqué M. Marion. « Nous risquons de voir des honoraires professionnels plus élevés pour les participants des régimes privés.»

Par ailleurs, M. Marion affirme que le traitement des maladies reliées à l’obésité constituera le prochain défi médical.

Il considère qu’il faudrait aussi revoir les mesures de contrôle de coûts des régimes privés. Il trouve inconcevable que le régime public gère ses coûts de façon plus serrée. « Les promoteurs de régimes privés doivent se préoccuper davantage des mesures de contrôle en place dans leur régime pour favoriser une gestion optimale des médicaments et l’observance thérapeutique », a-t-il insisté.

Enfin, il souhaite que les critères d’admissibilité des patients d’exception, ayant recours à des soins et médicaments plus dispendieux, soient revus et précisés. « Pour l’instant, ces critères sont trop vagues et laissent place à beaucoup trop d’interprétation de la part des intervenants.»

« Lorsque les coûts reliés à l’assurance médicaments atteindront un point de saturation (10 % ou 12 % de la masse salariale, par exemple), les employeurs seront davantage prêts à passer de la réflexion à l’action. À ce moment, nous observerons des changements majeurs dans les façons de faire chez les promoteurs quant à la gestion de l’assurance médicaments », de conclure M. Marion.