Ce n’est pas parce que les bureaux sont moins achalandés en ce moment que le harcèlement en milieu de travail s’estompe pour autant, révèle un sondage de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA).

Le contexte anxiogène de la crise sanitaire, jumelé aux limites des communications numériques, constitue un terreau fertile pouvant provoquer des dérapages, prévient l’ordre professionnel.

En effet, 29 % des quelque 550 travailleurs québécois sondés au mois d’août par la firme CROP indiquent avoir été personnellement victimes ou témoins d’une situation de harcèlement au cours de la dernière année. En 2016, seulement 18 % des travailleurs québécois avaient donné la même réponse.

Selon les professionnels des ressources humaines interrogés, le harcèlement peut aussi bien s’infiltrer dans les canaux de communications numériques qu’il peut le faire au bureau. Plus du tiers d’entre eux (36 %) croient que le télétravail rend plus difficile la prévention et la gestion du harcèlement en milieu de travail, et 33 % craignent de ne pas être en mesure de constater qu’il y a du harcèlement au sein de l’organisation dans ce contexte. À ce chapitre, 29 % des travailleurs disent qu’ils ne seraient pas à l’aise de porter plainte auprès de leur employeur en raison du contexte de télétravail.

« D’un côté, les gens sont moins patients dans leurs interventions, et de l’autre, plus sensibles dans la réception des messages, souligne Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des CRHA. On se retrouve donc avec une combinaison de facteurs qui peuvent détériorer la qualité des relations entre les gens. Si l’on ne prend pas la peine d’agir, on peut se retrouver avec des situations de harcèlement. »

Des bons coups, malgré tout

Même si la prévalence du harcèlement en milieu de travail semble être en hausse, 75 % des travailleurs considèrent que leur employeur met tout en œuvre pour prévenir et gérer de tels comportements. Ceux ayant été victimes ou témoins de harcèlement par le passé sont cependant beaucoup moins confiants à cet égard (59%).

Pour maintenir un climat de travail agréable, l’Ordre des CRHA conseiller d’organiser des rencontres d’équipes fréquentes et des activités sociales au moyen de webconférence. Les employeurs devraient également s’assurer que leur politique en matière de harcèlement et les mécanismes de plaintes s’étendent au télétravail, que les gestionnaires et les employés sont outillés pour évoluer dans cette nouvelle réalité et que des mécanismes d’évaluation du climat de travail, par exemple des sondages, sont bien en place.