Une proportion importante des coûts associés aux problèmes de santé mentale au pays proviennent de la perte de productivité des employés, et incidemment des entreprises. Longtemps négligés, les risques psychosociaux au travail font aujourd’hui l’objet de discussions aux plus hauts niveaux hiérarchique des organisations.

Mercredi, devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, trois PDG ont encouragé les employeurs du Québec à se mobiliser pour lutter contre les troubles de santé mentale dans les milieux de travail.

« Les gestionnaires et la haute direction doivent faire partie de la solution, pas du problème », a affirmé Louis Vachon, président et chef de la direction de la Banque Nationale.

Dans un monde où les pressions organisationnelles ne cessent de s’accroître, mettant à rude épreuve le moral et les nerfs des employés, les gestionnaires doivent devenir des « isolants » face au stress, et non des « transmetteurs », a-t-il imagé.

Pour venir en aide autant à ses employés qu’à ses gestionnaires, la Banque Nationale a mis en place une nouvelle procédure qui consiste à faire systématiquement appel à des firmes spécialisées pour mieux gérer les absences de plus de quatre jours. Ces ressources externes apportent un soutien aux gestionnaires, tout en réduisant les risques d’absence prolongée des employés.

La première étape, c’est d’en parler

« Les employeurs ont un rôle de premier plan à jouer dans la prévention des problèmes de santé mentale. Il faut en parler, et pas seulement dans les réunions de direction », a poursuivi Éric Martel, président-directeur général d’Hydro-Québec.

La société d’État a mis beaucoup d’efforts ces dernières années pour ouvrir le dialogue sur la santé psychologique et s’attaquer à la stigmatisation. « Il faut faire en sorte que nos travailleurs et nos gestionnaires soient en mesure d’identifier les signes avant-coureurs », a-t-il dit.

Hydro-Québec analyse aussi soigneusement les résultats de son sondage sur l’engagement des employés. « Des employés motivés, c’est déjà un gros plus pour lutter contre les troubles de santé mentale », a indiqué le dirigeant.

Yvon Charest, président et chef de la direction de iA Groupe financier, abonde dans le même sens. « Pour offrir une bonne expérience client, il faut d’abord offrir une bonne expérience employé. »

En tant qu’assureur, iA a aussi des responsabilités envers ses clients en assurance collective, a-t-il poursuivi. Celles-ci incluent la promotion des programmes de prévention et d’aide aux employés ainsi que la mise à disposition d’une expertise qui rend possible l’identification des problèmes organisationnels susceptibles de causer des absences et des périodes d’invalidité prolongées.

« Nous devons aussi nous assurer de fournir fréquemment aux employeurs des données précises sur l’utilisation du régime, notamment la prévalence des invalidités de longue durée. Les organisations sont ainsi plus aptes à intervenir efficacement auprès de leur personnel », a souligné Yvon Charest.

En marge du panel de discussion, Bell Cause pour la cause a annoncé la remise d’un don de 500 000 $ à la Fondation de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Cette somme servira à financer divers projets de recherche, tels que le développement d’applications mobiles visant à améliorer le quotidien des personnes vivant avec des troubles de santé mentale.