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En novembre dernier, Hewitt a mené un sondage auprès de 1 330 employeurs canadiens sur les outils et techniques actuels de limitation des coûts liés aux régimes d’assurance-médicaments et le recours futur à certaines stratégies. De nombreux employeurs ont déjà adopté certaines méthodes traditionnelles de maîtrise des coûts ou sont ouverts à envisager de les suivre si elles sont susceptibles d’entraîner des économies importantes.

De plus, les promoteurs admettent mal comprendre certaines stratégies novatrices (comme la négociation directe avec les sociétés pharmaceutiques ou la promotion de l’achat par la poste des médicaments d’entretien) et hésiter à adopter d’autres méthodes. Le facteur le plus favorable à l’adoption de nouvelles stratégies est la possibilité de réaliser des économies considérables. Le changement doit être rentable.

L’Alberta, l’Ontario et, plus récemment, la Colombie-Britannique, ont décidé de mettre en oeuvre des changements d’envergure pour diminuer les dépenses associées aux régimes d’assurance-médicaments privés. D’autres gouvernements envisagent de faire de même. En Ontario, l’une des principales modifications consiste à ramener le coût des ingrédients de la plupart des médicaments génériques à 25 % du coût du médicament d’origine équivalent d’ici avril 2012, tandis que dans le passé, ce pourcentage a déjà atteint 75 %.

Malgré l’intérêt que ces changements ont suscité au cours des mois précédant la modification des lois, de nombreux employeurs ont adopté une attitude attentiste pour s’assurer de maximiser les économies réalisées à la suite de ces changements.

Le moment d’agir
Bien que l’on n’ait pas encore déterminé complètement quelles seront les répercussions de ces changements, particulièrement en ce qui a trait au rôle des pharmacies, il est évident que les employeurs de nombreux endroits au Canada auront la chance de bénéficier d’une chute des coûts de leur régime d’assurance-médicaments au cours des deux prochaines années. Moyennant l’utilisation des bonnes stratégies, il est possible que l’inflation soit nulle pour 2011 et 2012 en raison des modifications apportées au prix des médicaments génériques et de l’échéance d’un certain nombre de brevets de médicaments importants. Cependant, si certaines caractéristiques sont omises des régimes, la passivité, même temporaire, empêchera les employeurs de tirer pleinement avantage des changements. En effet, les employeurs devraient prendre certaines mesures dès maintenant pour maximiser les économies.

Dans l’immédiat, les employeurs devraient prendre le contrôle des différents aspects de leur régime d’assurance-médicaments : marge bénéficiaire, frais d’exécution d’ordonnance, sélection des produits, etc. Chaque employeur prendra des décisions différentes quant à la façon d’exercer ce contrôle, mais tous devraient mettre en place les outils pertinents. Voici une liste de stratégies à envisager pour maximiser les économies réalisées grâce à la nouvelle méthode d’établissement des prix des médicaments génériques :

Offrir une carte-médicaments
En raison des changements et de l’incertitude entourant l’établissement des prix et les frais exigés par les pharmacies, la carte-médicaments est un outil plus utile que jamais pour gérer les coûts. Si l’on croyait auparavant que cet outil augmentait les coûts, il constitue maintenant une excellente façon de les contrôler. Les entreprises qui n’utilisent pas déjà les cartes-médicaments devraient faire de leur adoption leur première priorité.

Faire la promotion des médicaments génériques
Pour les régimes comportant déjà certaines modalités comme l’obligation d’acheter des médicaments génériques ou une liste de médicaments fixe, les économies seront plus grandes à la suite des changements mentionnés précédemment. Pour les employeurs qui ont envisagé l’adoption d’un régime d’assurance-médicaments rationalisé dans le passé, les économies potentielles attribuables à ces caractéristiques sont maintenant d’autant plus grandes. Même pour ce qui est des régimes assortis d’une liste de médicaments fixe, il pourrait être nécessaire de revoir la structure de cette liste, car la différence entre les prix des médicaments d’origine et des médicaments génériques a évolué.

Gestion des frais d’exécution d’ordonnance
L’abandon des indemnités professionnelles signifie une réduction de revenu élevée pour les pharmacies, ce qu’elles risquent de compenser par une augmentation des frais d’exécution d’ordonnance. Les employeurs devraient songer à ajouter des plafonds immédiatement pour s’assurer de maîtriser les frais d’exécution d’ordonnance futurs. Si leur régime comporte déjà des plafonds, ils auraient avantage à les revoir afin de déterminer les niveaux acceptables pour l’avenir.

Gérer la marge bénéficiaire
La marge sur le coût des ingrédients établie par les pharmacies peut être gérée ou plafonnée aux termes des régimes dotés d’une carte-médicaments. En raison de la réduction du revenu des pharmacies attribuable à la baisse du prix des médicaments génériques et des indemnités professionnelles, on prévoit que les pharmacies augmenteront leur marge bénéficiaire lorsque les régimes le permettent. Les employeurs offrant une carte-médicaments devraient réexaminer leur politique en la matière avec leur fournisseur de cartes-médicaments pour comprendre les répercussions possibles d’une augmentation de la marge sur leur régime. Pour les employeurs n’offrant pas de carte-médicaments, il est beaucoup plus difficile de maîtriser la marge établie par la pharmacie.

Revoir les avantages offerts aux retraités et examiner les économies de frais comptables
Les entreprises qui offrent des avantages sociaux aux retraités, y compris une assurance-médicaments, devraient revoir les modalités régissant le remboursement des médicaments d’origine par rapport aux médicaments génériques. Tandis que la plupart des employeurs hésitent à changer la conception de leur régime pour les personnes déjà à la retraite, le fait de bien comprendre la conception actuelle ainsi que les caractéristiques administratives (p. ex. l’obligation d’acheter des médicaments génériques) et la combinaison de médicaments aura une incidence sur l’ampleur des économies réalisées à l’égard du régime des retraités. Si ces économies sont importantes, les employeurs devraient en évaluer l’incidence sur le plan comptable. En effet, surtout pour ceux qui suivent les règles de comptabilité internationales (IFRS), l’ampleur des économies immédiates attribuables à un changement même mineur des résultats techniques prévus ou des tendances médicales pourrait être vaste.

Négocier prudemment les modalités des régimes d’assurance-maladie assurés
Pour les employeurs offrant un régime SAS (services administratifs seulement), le régime bénéficiera directement des économies réelles réalisées grâce à la réduction du coût des médicaments. Ceux qui paient une prime ou un taux de dépôt fixe à leur compagnie d’assurance en contrepartie de la couverture des médicaments devraient revoir la conception de leur régime ainsi que leurs règles concernant les médicaments d’origine et les médicaments génériques et s’assurer que les particularités du régime sont prises en considération dans les taux facturés après le 1er juillet et dans le calcul de l’inflation que la compagnie d’assurance prévoit pour le prochain renouvellement.

Réinvestir dans la santé
Il est rare que les gouvernements apportent des changements qui donnent lieu à des réductions de coûts pour les employeurs. Les employeurs pourraient se servir des économies réalisées à la suite des nouveaux prix des médicaments génériques pour financer des améliorations à leurs initiatives en matière de santé et de mieux-être. En investissant dans la santé de leurs employés aujourd’hui, ils maîtriseront les coûts futurs.

Communiquer avec les employés
Les employés ont peut-être entendu parler des changements législatifs ou lu à propos de ceux-ci dans les médias. Les employeurs devraient en profiter pour expliquer aux employés l’incidence des nouvelles lois sur le régime et ses caractéristiques, surtout si des changements doivent y être apportés.

Se préparer dès maintenant pour 2013
La modification du coût des médicaments génériques combinée à l’échéance des brevets devrait faire en sorte que le coût des médicaments sera peu élevé en 2011 et en 2012. Cela dit, l’effet de ces facteurs finira par s’atténuer, de sorte que des augmentations notables des coûts sont à prévoir en 2013 en raison de l’accélération du développement et de l’utilisation de médicaments biologiques à coût élevé.

En conclusion, les coûts diminueront pour ceux qui prennent les mesures appropriées, tandis que les autres pourraient voir leurs coûts augmenter. En effet, les pharmacies tenteront de compenser les pertes de revenu importantes découlant des changements législatifs. La réduction du prix des médicaments génériques appelle à l’action : c’est une occasion en or pour les employeurs de réviser les principales caractéristiques de leur régime d’assurance-médicaments pour tirer le meilleur parti des économies potentielles.