En raison de la croissance de la population et de décennies de sous-investissement, les besoins en infrastructures de tout genres sont criants, et pas qu’au Canada. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, le financement n’est pas toujours le principal problème.

« Quand on est capable d’additionner, de soustraire, de multiplier et de diviser, on est généralement capable de gérer le problème du financement. La question de l’exécution est beaucoup plus complexe », a affirmé Pierre Anctil, président et chef de la direction d’Axium Infrastructure lundi devant les membres du Cercle canadien de Montréal.

Car si le capital existe, il ne se rend pas toujours là où sont les besoins. « En infrastructure, les besoins se trouvent souvent dans les municipalités, qui manquent de ressources et de compétences pour mettre les projets en œuvre », a-t-il ajouté.

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La nouvelle Banque de l’infrastructure du Canada, qui sera dotée d’un budget de 35 milliards de dollars, aura cette capacité à rendre les capitaux disponibles aux organismes en mesure d’identifier les besoins, notamment les municipalités, croit-il. « Elle fournira un encadrement aux municipalités qui n’ont pas forcément l’expérience requise pour mener des projets d’infrastructures de plusieurs centaines de millions de dollars. Avec davantage de soutien, on évitera que les projets échouent. »

Macky Tall, président et chef de la direction de CDPQ Infra, a lui aussi soutenu que la Banque allait jouer un rôle de catalyseur dans le secteur de l’infrastructure au Canada. « Les organismes qui n’ont pas d’expérience ont besoin d’un appui en matière de processus, de logistique, et pour améliorer le profil financier des projets de façon à ce que ceux-ci intéressent davantage les investisseurs », a-t-il souligné.

Miser sur les projets green field

Même si de nombreux investisseurs, en particulier les caisses de retraite, ont un fort appétit pour les projets d’infrastructure, Macky Tall a insisté sur le fait que ceux-ci recherchent des projets qui répondent à des critères précis. Conséquemment, les infrastructures qui en sont encore au stade de développement (green field) manquent souvent de financement. « Les besoins sont surtout dans les projets green field, où les risques sont plus élevés et les capacités d’exécution plus limitées », a-t-il mentionné.

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C’est dans ce contexte que la Caisse de dépôt souhaite développer une expertise dans le développement de nouveaux projets d’infrastructure. « C’est ce que nous essayons de faire avec le Réseau électrique métropolitain (REM). Agir comme maître d’œuvre de nouveaux projets, là où sont les besoins », a expliqué Macky Tall, en rappelant que l’infrastructure « est une catégorie d’actif qui répond bien aux objectifs des déposants car elle génère des revenus stables et prévisibles à long terme ».

Pleins feux sur le transport collectif

Macky Tall soutient que les projets d’infrastructure les plus porteurs sont ceux qui ont un « effet multiplicateur » intéressant. Les projets de transport collectif remplissent très souvent ce critère. « Chaque dollar investit dans un projet de transport en commun a un impact positif et récurrent sur la productivité et l’activité économique », a-t-il assuré, en précisant que la congestion routière coûte près de deux milliards de dollars par année à Montréal, en plus des coûts environnementaux.

Des projets d’aussi grande envergure que le REM posent cependant de nombreux défis. La gestion des talents est sans nul doute le plus préoccupant, considérant la complexité des projets et les sommes colossales qui y sont investies, soutient Macky Tall. « Derrière chaque investissement en infrastructure, il y a des mois, voire des années de travail. Pour le REM, nous avons passé la première année du projet à recruter des talents de façon à s’assurer de la qualité d’exécution. »

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