Selon les prévisions, les dépenses totales de santé au Canada augmenteront de plus de 7 milliards de dollars en 2011 pour atteindre 200,5 milliards de dollars. Selon un nouveau rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), ce montant représente approximativement 5 800 $ par Canadien, soit environ 150 $ de plus, par personne, que l’an dernier.

Dans son rapport intitulé, Tendances des dépenses nationales de santé, 1975 à 2011, l’ICIS montre que la croissance des dépenses de santé ralentit. Les dépenses devraient augmenter de 4,0 % en 2011 comparativement à l’an dernier, ce qui représente le plus faible taux de croissance annuel des 15 dernières années. Par contre, le taux de croissance annuel moyen des dépenses de santé s’est chiffré à 7,4 % de 1998 à 2008.

Les dépenses de santé, bien qu’elles continuent d’augmenter plus rapidement que l’inflation et la croissance démographique, devraient connaître cette année une croissance plus lente que celle de l’ensemble de l’économie. Selon les prévisions, les dépenses de santé devraient atteindre 11,6 % du produit intérieur brut (PIB) en 2011, une légère diminution comparativement au sommet historique de 11,9 % atteint en 2009 et 2010.

« Comme c’est le cas dans de nombreux autres pays industrialisés, les dépenses de santé au Canada ont connu une période de croissance extraordinaire et d’importants réinvestissements en ce début de millénaire », explique John Wright, président-directeur général de l’ICIS. « Or, bien que le taux de cette croissance semble ralentir, il importe de comprendre comment nous avons atteint la barre des 200 milliards de dollars cette année. Compte tenu de l’incertitude économique mondiale et des efforts déployés au pays pour s’attaquer aux déficits gouvernementaux, il faut examiner les facteurs d’accroissement des coûts des soins de santé pour bien planifier l’avenir du système de santé. »

Principaux facteurs d’augmentation des dépenses de santé
L’ICIS publie les résultats d’un autre rapport important, Facteurs d’accroissement des dépenses de santé : les faits, qui examine les principaux facteurs ayant contribué à l’atteinte de la barre des 200 milliards de dollars.

Le rapport montre qu’au Canada, comme dans de nombreux pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les dépenses de santé avaient tendance à augmenter durant une période de croissance économique et d’augmentation des revenus. Sur le plan de la politique budgétaire, les intérêts que les gouvernements canadiens ont dû payer sur l’encours de la dette ont diminué de 1998 à 2008, ce qui leur a permis de consacrer des ressources aux dépenses de programmes globales et aux réductions d’impôt. La rémunération des dispensateurs de soins, l’utilisation accrue des services et l’évolution des types de services offerts et utilisés ont été les principaux facteurs d’accroissement des dépenses de santé du secteur public au cours de la dernière décennie.

Utilisation accrue des services
Au cours de la dernière décennie, la croissance démographique a été responsable d’environ 1 % de l’augmentation annuelle des dépenses de santé. Abstraction faite de ce facteur, les données montrent que dans certains secteurs, les Canadiens utilisent un nombre accru de services de santé. Par exemple, le volume de médicaments vendus au Canada a été responsable d’une augmentation annuelle moyenne des dépenses de 6,2 % de 1998 à 2007, même une fois pris en compte la croissance démographique et le vieillissement. Les dépenses totales en médicaments ont augmenté en moyenne de 10,1 % par an durant cette période. L’utilisation accrue est ainsi le plus important facteur d’accroissement des dépenses en médicaments au cours de la dernière décennie. Cet accroissement du volume est principalement imputable à l’utilisation d’antihypertenseurs, d’hypocholestérolémiants et de médicaments gastro-intestinaux.

Les Canadiens consultent également leur médecin plus souvent et subissent un plus grand nombre d’interventions médicales. Au cours de la dernière décennie, l’utilisation des services des médecins par Canadien a augmenté de 1,5 % par an, une fois pris en compte le vieillissement de la population. Au cours de la décennie, on a également enregistré une hausse importante du nombre de Canadiens subissant une intervention prioritaire comme l’arthroplastie de la hanche et du genou, des examens d’imagerie médicale comme l’examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM) ou par tomodensitométrie (TDM), et la chirurgie de la cataracte.

Des changements dans les types de services de santé utilisés par les Canadiens, comme l’émergence de nouveaux médicaments et outils diagnostiques et chirurgicaux, ont également contribué à la croissance des dépenses de santé. Par exemple, les changements quant aux types de médicaments utilisés ont représenté un important facteur d’accroissement des dépenses en médicaments, surtout au cours des cinq dernières années. Les nouveaux médicaments pour le traitement du cancer et les nouveaux immunosuppresseurs représentent deux des catégories de médicaments ayant connu la croissance la plus rapide durant cette période.

L’impact du vieillissement de la population
L’ICIS a également examiné l’importance du vieillissement de la population dans l’accroissement des coûts. Le rapport démontre que le vieillissement de la population est d’une importance relativement modérée par rapport aux autres facteurs, représentant moins de 1 % de la croissance annuelle moyenne des dépenses de santé (0,8 % par année) de 1998 à 2008.

Jean-Marie Berthelot, vice-président des programmes à l’ICIS, affirme que bien que le vieillissement de la population canadienne soit réel, il s’opère lentement dans l’ensemble. « Au cours de la dernière décennie, la proportion des dépenses de santé consacrées aux personnes âgées par les gouvernements provinciaux et territoriaux est demeurée relativement stable à 44 %. Ces dépenses n’augmentent donc pas plus rapidement que celles consacrées à la population en général. »

En revanche, les données de l’ICIS montrent que les répercussions du vieillissement sur les dépenses de santé sont plus importantes dans les provinces de l’Atlantique et au Québec qu’en Ontario et dans l’Ouest.