L’instauration d’un régime national d’assurance médicaments entièrement public pourrait nuire aux Canadiens en restreignant leur accès à certains médicaments, affirme l’Institut économique de Montréal (IEDM).

Si l’adoption d’un monopole public d’assurance médicaments pourrait permettre de mieux contenir les coûts, puisque le gouvernement détiendrait un pouvoir de négociation supérieur auprès des compagnies pharmaceutiques, l’IEDM insiste sur le fait que ces économies seraient obtenues par le biais d’un plus grand rationnement et non par une plus grande efficacité.

Pour en arriver à cette conclusion, l’IEDM a étudié certaines expériences étrangères, notamment au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande.

« Depuis les années 1990, les patients au Royaume-Uni subissent les contrecoups des politiques de maîtrise de dépenses de leur régime d’assurance médicaments public. Les patients britanniques ont dû se passer pendant de nombreuses années de médicaments pourtant disponibles partout à travers l’Europe », souligne Yanick Labrie, économiste à l’IEDM.

En Nouvelle-Zélande, un autre pays fréquemment cité pour son monopole public, l’accès des patients aux nouveaux médicaments est tout aussi restreint qu’au Royaume-Uni, sinon davantage, soutient le groupe de réflexion. De nombreux rapports feraient état des conséquences négatives pour la santé qu’ont entraînées les politiques de plafonnement des dépenses adoptées dans ce pays depuis une vingtaine d’années.

L’équilibre du modèle québécois

Au total, quelque 98 % des Canadiens possèderaient déjà une couverture privée ou publique d’assurance médicaments. Afin d’aider les quelque 2 % qui n’en ont pas, les autres provinces devraient suivre l’exemple du régime universel québécois, qui repose sur une mixité d’assureurs, plutôt que d’emprunter la voie d’un monopole public, croit l’IEDM. Celui-ci ajoute que si la population québécoise dépense davantage en médicaments que les autres Canadiens, c’est essentiellement dû à un plus grand volume de prescription et non pas à des prix plus élevés.

« Notons aussi que ces dépenses de médicaments plus grandes s’accompagnent de dépenses moindres dans le système public de santé », dit Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’IEDM. « Comme le taux d’hospitalisation diminue depuis le début des années 2000, on peut en déduire que des thérapies pharmaceutiques plus accessibles au Québec ont vraisemblablement remplacé d’autres types de traitements médicaux plus coûteux, comme les chirurgies en milieu hospitalier. »

L’IEDM estime par ailleurs que « socialiser une plus grande partie des dépenses en médicaments reviendrait à donner plus de pouvoir à des fonctionnaires pour prendre les décisions, et les politiques qui restreignent l’accès aux nouveaux médicaments pénaliseraient tous les Canadiens de la même façon ».

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