Avez-vous déjà pris une journée de congé pour fêter votre anniversaire de mariage ? Telle est la question posée par les collègues du magazine Macleans après la révélation que Justin Trudeau s’était réservé une journée, en marge du récent sommet du G7, pour souligner avec sa femme leur journée de noces. Pour le premier ministre, cela fait partie d’un équilibre travail-famille qu’il qualifie d’« essentiel ».

Personne n’est contre la conciliation des responsabilités professionnelles avec la vie privée. Mais la majorité des participants au sondage éclair ont toutefois répondu par la négative; ils n’ont pas pris de congé pour fêter leur anniversaire de mariage.

On peut interpréter ce résultat de plusieurs façons : soit les Canadiens n’accordent pas la même importance à cette date que leur premier ministre, soit parmi toutes les raisons pour s’absenter une journée, celle-là ne figure pas en tête de liste. Ou encore qu’ils peinent tout simplement à prendre congé de leur emploi. J’aurais tendance à croire que c’est probablement un mélange de tout cela.

C’est un constat plutôt triste qu’un nombre important d’employés ne prennent pas assez de temps pour eux, que ce soit une seule journée ou des vacances plus longues. L’enracinement de la notion qu’« on me paie pour travailler » semble en empêcher plus d’un à s’absenter (et cela sans parler de ces personnes assises sur la plage en maillot de bain qui consultent leurs courriels de travail !).

Un récent sondage mené par la firme de recrutement Accountemps a révélé que près de deux employés sur cinq (38 %) prenaient moins de jours de congé que ce à quoi ils ont droit pour éviter le surplus de travail au retour. Une proportion comparable se préoccupait de la charge de travail supplémentaire que leurs collègues devaient assumer pendant leur absence.

Il est certes louable que les employés se responsabilisent quant au travail à accomplir, mais on sait aussi que le dévouement aveugle peut être lourd de conséquences sur le plan de la santé – et des relations personnelles. L’expression anglaise workaholic, ou bourreau de travail, est rarement utilisée comme étant une qualité.

Mais à qui la faute ? Certains diront qu’on ne peut pas obliger un employé à prendre ses journées de congé. C’est peut-être vrai, mais on peut certes essayer d’éviter un sentiment de culpabilité chez celui qui en profite et renforcer le message qu’une pause est salutaire pour diminuer la pression.

Sur ce point, il reste du travail à accomplir. Toujours selon le sondage d’Accountemps, seulement 41 % des travailleurs ont un gestionnaire qui les incite à prendre des vacances. La moitié affirme que ce dernier ne les décourageait pas à en prendre, mais ne les encourageait pas non plus. Cela veut probablement dire qu’on n’aborde pas cette question dans les milieux de travail.

Quand on parle de santé mentale, il est normal d’aborder l’idée d’établir un environnement propice à la bonne santé psychologique pour faciliter une discussion ouverte sur les enjeux préoccupants. Si l’on estime que la possibilité de s’absenter en constitue un élément important, une attitude qui encourage la prise de congés est alors de mise. Et il n’est pas simplement question de s’assurer que les employés prennent deux semaines de vacances d’été.

UBS a récemment instauré une politique permettant à certains employés de la banque d’investissement de prendre deux heures chaque semaine pour des raisons personnelles, pourvu qu’un collègue puisse les remplacer. L’employé doit à son tour remplacer un coéquipier. Une telle mesure sert à renforcer l’esprit d’équipe et envoie le message qu’il y a une vie en dehors du bureau.

Le secteur de l’investissement est peut-être un cas extrême en matière d’horaires et de bourreaux de travail, surtout chez les plus jeunes. Mais c’est une initiative dont toute organisation pourrait s’inspirer. Parce que même si on n’est pas premier ministre, l’équilibre travail-famille demeure essentiel pour la santé!