Dans le marché actuel des titres à revenus fixes, qui affichent de faibles rendements, les gestionnaires de fonds et les promoteurs de régime recherchent ardemment d’autres possibilités pour faire fructifier davantage leurs placements, ne serait-ce que pour atteindre leurs objectifs de financement.

Les conférenciers qui ont pris la parole lors du colloque sur les régimes à prestations déterminées (PD) organisé par Avantages en décembre ont souligné que l’économie mondiale et le marché des placements étaient entrés dans une phase de plus grande volatilité. Cela soulève cette éternelle question à savoir s’il est préférable de diminuer ou d’augmenter le risque. Autrement dit, s’il pourrait être bénéfique d’adopter une démarche de placements dans des actifs immobilisés plutôt que liquides.

Alors que la conjoncture actuelle d’actifs à revenu fixe enregistrant un faible rendement, auquel s’ajoutent des perspectives économiques médiocres, s’avère être un véritable cauchemar pour les gestionnaires de fonds dont la stratégie consiste à s’accrocher résolument à l’indexation traditionnelle comme seule stratégie d’investissement.

Tous les gestionnaires de fonds ne voient pas forcément une plus grande volatilité du marché comme un écueil, mais plutôt comme une occasion d’exploiter le manque d’efficacité du marché pour empocher un léger rendement bêta de plus. « À l’avenir, je pense que nous allons certainement assister à une conjoncture de croissance plus réduite, ce qui fera pression sur les promoteurs de fonds de retraite et les gestionnaires de fonds qui devront remplir leurs exigences de rendement à long terme », estime Eugene Lundrigan, chef des opérations à Gestion Placements Sun Life.

Selon M. Lundrigan, les gestionnaires de régimes PD devraient s’éloigner de leurs investissements traditionnels; à savoir les actifs à revenu fixe. Mais M. Lundrigan croit que les gestionnaires de fonds canadiens affichent un regain d’intérêt pour les titres d’emprunt du secteur privé, tels que les obligations de sociétés à rendement élevé et les prêts hypothécaires commerciaux. Évidemment, le risque inhérent à ces obligations est plus grand, mais en prenant en compte le facteur de risque par rapport au rendement, il pourrait y avoir certaines possibilités favorables.

Les gestionnaires de fonds « vont être poussés à faire mieux travailler leurs actifs afin d’atteindre les objectifs de leurs régimes », a-t-il ajouté. En ce qui concerne le débat entre les actifs liquides et immobilisés, M. Lundrigan reconnaît que des liquidités en espèces peuvent entraîner des pertes. « Il faut certes avoir des actifs liquides dans son régime, mais pas trop – il faut trouver le juste milieu. »

Toutefois, les rendements d’actifs liquides et immobilisés dans la même catégorie de placements sont relativement similaires de nos jours comparativement aux modélisations de placements antérieures, remarque Wayne Wilson, vice-président de Lincluden Investment Management. L’équilibre entre actifs liquides et immobilisés dans la composition d’un portefeuille bien géré est un risque qu’il est impératif de prendre en compte, a-t-il concédé, ajoutant toutefois qu’une trésorerie serrée peut faire perdre des occasions qui se présentent sur le marché lorsqu’il s’agit de rééquilibrer un portefeuille.

Michael DuCharme, directeur, stratégies de devises à Investissements Russell a, de son côté, abordé l’utilité des devises dans la gestion des risques d’un portefeuille de caisse de retraite. Il constate que l’investisseur a tendance a plutôt considérer les devises comme un risque à gérer; or, une exposition intentionnelle peut, au contraire, offrir une réelle diversification, ce qui est particulièrement attrayant dans un contexte de faibles rendements des obligations.

Dans le cadre d’une stratégie offrant une exposition diversifiée, le régime de retraite a tout intérêt à examiner les différents indices de devises qui sont disponibles.

Être « intelligent »

Les stratégies de bêta intelligent sont devenues un outil important dans la gamme des placements, a déclaré Alexandre Davey, directeur et spécialiste des produits et des stratégies alternatives bêta à HSBC Gestion globale d’actifs au Royaume-Uni.

Mais si l’on se penche de près sur les stratégies de placement, que signifie exactement « bêta intelligent » ? Davey admet que c’est un mot à la mode qui représente des stratégies d’investissement indicielles différentes de celles de la capitalisation boursière classique – et en fait, nombre de ces stratégies existent depuis déjà longtemps.

En substance, les stratégies de bêta intelligent sont conçues pour offrir une marge de rendement supplémentaire en choisissant un indice de référence au passif différent des indices de capitalisation boursière et en utilisant des styles de sélection de valeurs, des mesures du marché boursier ou des stratégies de repondération pour bâtir son indice. À cet égard, le gain de bêta intelligent est fondé sur le principe que les réactions des marchés financiers ne sont pas toujours efficientes et que les prix des valeurs sont plus volatiles qu’ils ne devraient l’être.

En gérant ces inefficiences du marché pour en tirer parti, une stratégie pourrait assurer un rendement de deux à trois points au-dessus de l’indice passif basé sur les cours, ce qui, dans le climat d’investissement timide du moment, peut être capital pour atteindre les objectifs de croissance d’un régime de retraite PD, a affirmé M. Davey. « Je pense qu’il y a une prime de risque sur capitaux propres non négligeable associée à la stratégie de bêta intelligent. »

Celui-ci n’est absolument pas basé sur un indice de pondération par capitalisations, a-t-il expliqué, mais plutôt sur l’adoption d’une démarche différente en matière de stratégie d’investissement. « Nous sortons du plus détesté des marchés à la hausse, alors les investisseurs font attention à certains facteurs particuliers qui dynamisent les marchés, a-t-il ajouté. Les stratégies de bêta intelligent appartiennent à ce marché axé sur la demande. »

Démarche active plutôt que passive

« Il est important d’être conscient de la manière dont la dynamique des marchés financiers est en train de changer. Les promoteurs de régimes ont moins les coudées franches aujourd’hui qu’auparavant, car les rendements sont plus serrés, et les coûts associés aux régimes PD sont plus élevés », a déclaré Jim Cole, vice-président de Philips, Hager & North Investment Management.

À ce titre, il insiste sur l’importance d’adopter une démarche de gestion du risque dans la gestion de portefeuilles, car la conjoncture devient de plus en plus volatile.

Cependant, M. Cole pense que cette volatilité accrue fait apparaître de nouvelles possibilités de placements dans le marché mondial des titres à revenu fixe. Lui aussi soutient la thèse que les marchés financiers ne réagissent pas toujours de manière efficiente en matière des cours des titres et offrent ainsi des occasions uniques de placements pour des portefeuilles axée sur la gestion active.

« Il est important de comprendre comment ces outils doivent être utilisés pour augmenter le revenu relativement au risque… Au cours des trois dernières années, la volatilité a augmenté sur les marchés financiers, du fait d’investisseurs rivés sur les manchettes des journaux et dont les réactions étaient exagérées », a-t-il ajouté.

Cette réaction généralisée du marché réserve de bonnes occasions de risque à la hausse aux gestionnaires de fonds qui comprennent les composantes clés du risque inhérentes aux différents marchés, estime M. Cole. « Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de perspectives de rendement grâce à une gestion active des placements qu’au cours de ces dernières années. »

Cet article est une version modifié d’un texte par Sean van Zyl sur le colloque PD de Toronto publié par Benefits Canada.