La Ville de Montréal entamera une refonte substantielle de ses régimes de retraite pour réduire la facture assumée par les contribuables montréalais tout en permettant aux employés actuels et futurs de bénéficier d’un régime de retraite avantageux.

La plupart des régimes ont été mis en place dans les années 1950, 1960 et 1970, à une époque où les réalités économiques et démographiques étaient bien différentes d’aujourd’hui. « Nous devons agir maintenant pour limiter leurs coûts sans cesse croissants et trouver un équilibre plus juste entre la contribution des employés à leur propre régime et la portion assumée par la Ville, donc par nos citoyens. C’est une question d’équité! », a déclaré le maire de Montréal, Gérald Tremblay.

Les régimes de retraite exercent une pression importante sur les finances de la métropole. La charge totale de ces régimes était de 326 M$ en 2010. Elle sera de 438 M$ en 2011, ce qui représente près de 10 % du budget de la Ville. Selon les estimations de la Ville, elle passera à 540 M$ pour 2012. À titre comparatif, le service de la dette représente 17,2 % dans le budget 2011.

« Malgré nos efforts de restriction budgétaire, année après année, le manque à gagner perdure, notamment, en raison du fait que la Ville doit payer de plus en plus cher pour financer les régimes de retraite dont plusieurs Montréalais ne disposent même pas! En tant que gestionnaires responsables, il est de notre responsabilité de repenser ceux-ci », a ajouté le maire.

Trois axes de réaménagement
Les principaux aménagements envisagés s’orientent autour de trois axes : l’âge de la retraite, le partage des coûts et une meilleure gestion des risques qui amènera à long terme la stabilité des cotisations de la Ville.

En ce qui concerne l’âge de la retraite sans pénalité, la Ville de Montréal vise à la repousser et à l’adapter aux nouvelles réalités démographiques canadiennes. Cette modification recherchée est en continuité avec celles que l’on constate partout dans le monde. L’augmentation de l’espérance de vie a un impact direct sur le coût des régimes de retraite puisque le versement des rentes se fait sur une plus longue période.

En ce qui concerne le partage des coûts, la Ville vise une répartition plus équitable des coûts assumés par la Ville et ceux par ses employés. Les cotisations de la Ville s’élèvent présentement à 70 % en moyenne. Ainsi, un partage à 50-50 du coût des prestations futures lui apparaît comme étant l’option la plus juste envers tous.

La Ville souhaite enfin une meilleure gestion des risques financiers des régimes de retraite pour assurer une plus grande stabilité des cotisations requises. « Nous voulons éviter que les coûts additionnels et imprévus résultant de mouvements économiques soient à la seule charge de nos citoyens. Il faut partager les risques! Toutefois, nous ne voulons pas imposer une solution unilatérale. Nous allons travailler en partenariat avec tous les groupes d’employés et leurs représentants afin d’identifier et d’implanter des solutions communes et innovatrices pour réduire les coûts futurs des régimes », a insisté le maire.

Les réaménagements proposés s’appliqueront uniquement aux années de service à venir dans le cas des employés actuels de la Ville. Quant aux futurs employés, ces nouvelles dispositions s’appliqueront intégralement au moment de leur embauche.

Les cols blancs et les cols bleus en mode dialogue raisonné
Pour leur part, les représentants des syndiqués cols bleus et cols blancs de la Ville de Montréal partagent l’inquiétude générale face à situation, réaffirmant même leur ouverture au dialogue et leur confiance de pouvoir trouver des solutions assurant la pérennité des régimes, dans le respect de la capacité de payer de tous. Ils rejettent par contre toute approche « bulldozer » qui créerait un régime de retraite à deux vitesses, au détriment des plus jeunes.

Monique Côté, présidente du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal, comprend mal quelle était la nécessité pour la Ville d’effectuer une telle sortie publique. « L’harmonisation des régimes de retraite des cols blancs est en cours et va amener à terme des économies importantes et une réduction des risques. Nous sommes aussi prêts et ouverts à faire tout le nécessaire pour assurer la pérennité des régimes de retraite et contrôler les coûts. Par contre, il n’est pas question de participer à un exercice de démolition des régimes pour les années de service à venir : ça ne serait ni équitable ni nécessaire », a-t-elle déclaré à la suite de la sortie du maire Tremblay.

Marc Ranger, conseiller au Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, mentionne quant à lui que le portrait des régimes de retraite s’améliore rapidement depuis plus de deux ans. De fait, les rendements de 2010 ont été exceptionnels, de l’ordre de 14 % environ. « En 2009, les régimes de retraite de Montréal ont obtenu le meilleur rendement au Canada. La situation est sous contrôle et nous sommes prêts à faire ce qu’il faut pour qu’elle le demeure. Les discussions sont en cours et nous demeurons optimistes; nous ne voyons pas la pertinence de politiser le débat à ce moment-ci », a-t-il ajouté.