Un régime national d’assurance médicaments pourrait faire économiser 4,2 milliards de dollars aux Canadiens chaque année, selon un rapport du Directeur parlementaire du budget (DPB) déposé la semaine dernière.

Si un régime similaire à celui offert au Québec avait été implanté en 2015-2016 à l’échelle canadienne, il aurait fait chuter les dépenses totales pour des médicaments de 24,6 G$ à 20,4 G$, peut-on lire dans le document. Cela inclut les dépenses du gouvernement, des assurances privées et des patients. Le DPB s’est basé sur la liste des médicaments assurés du régime public québécois pour effectuer ses calculs.

Ces économies seraient rendues possibles grâce à un pouvoir d’achat et de négociation plus puissant du gouvernement fédéral et une obligation de remplacer de nombreux médicaments originaux par leur version générique, entre autres.

La chute des prix aurait toutefois pour effet d’augmenter la disponibilité, et donc, consommation de médicaments chez les canadiens, prévient le DPB.

Le coût net d’un tel programme pour le gouvernement fédéral atteindrait 19,3 G$ annuellement.

Des patients laissés pour contre

L’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP) affirme de son côté qu’un régime universel ne couvrirait pas tous les médicaments auxquels les Canadiens ont actuellement accès par le biais du régime d’avantages sociaux de leur employeur.

L’organisme souligne que 3,9 G$ ont été dépensés pour des médicaments qui ne seraient pas couverts par le programme fédéral proposé, « ce qui obligerait des centaines de milliers de Canadiens à trouver des solutions de rechange pour payer leurs médicaments ».

L’industrie de l’assurance affirme que la meilleure solution pour faire baisser le coût des médicaments serait plutôt de combiner les points forts des systèmes public et privé. « De cette façon, l’ensemble des Canadiens continueraient d’avoir accès à un plus grand choix de médicaments sur ordonnance, tout en bénéficiant des économies mentionnées dans le rapport du DPB », estime Stephen Frank, président et chef de la direction de l’ACCAP.

Un modèle hybride coûteux

La Coalition Solidarité Santé juge pour sa part que le modèle hybride public-privé du Québec, prôné par l’ACCAP, fait en sorte que les citoyens du Québec paient leurs médicaments 35 % plus cher qu’ailleurs dans le monde. Elle réclame plutôt un régime entièrement public.

« Ce modèle mixte a maintenu relativement élevé le prix des médicaments au Québec. Le Québec ne tire pas profit de l’économie d’échelle, car le gouvernement n’achète pas les médicaments pour toute sa population. De plus, le Québec ne bénéficie pas des bas prix des médicaments que pourrait offrir un régime public national en raison de la différence des économies d’échelle provinciales et nationales », soutient la Coalition.

L’organisme ajoute que « toute estimation de coût utilisant le modèle du Québec sera le pire scénario » et que « les Canadiens peuvent s’attendre à des prix beaucoup moins élevés dans le cadre d’un régime national ».