Pour gérer les coûts des régimes d’assurance médicaments et assurer leur pérennité, les employeurs devront mettre en place des solutions d’avant-garde, a plaidé Charles-Antoine Villeneuve, vice-président principal, assurances collectives chez Aon Hewitt, lors d’un forum sur la santé présenté la semaine dernière à Montréal.

« Il n’y aura plus de grosses pertes de brevets au cours des prochaines années, le prix des médicaments génériques est au plus bas et les nouveaux médicaments biologiques ne pourront pas être copiés aussi facilement par les fabricants de génériques », a insisté M. Villeneuve, en faisant comprendre du même coup aux employeurs présents dans la salle que la hausse des coûts des médicaments est inévitable.

« Bientôt, on va voir des réclamations qui vont dépasser le million », a-t-il ajouté, en faisant référence à quelques nouveaux médicaments très coûteux qui pourraient mettre certains petits employeurs dans des situations très précaires.

Solutions novatrices

Outre les traditionnelles substitutions par des médicaments génériques et la révision des partages de coûts, Charles-Antoine Villeneuve invite les employeurs à optimiser les clauses des régimes, en particulier la liste des médicaments couverts.

« Ce n’est pas parce qu’un nouveau médicament vient d’être homologué par Santé Canada qu’on est obligé de le couvrir », a commenté le conférencier, qui a ajouté que le recours éventuel aux pharmacies de grandes surfaces ou postales, qui proposent des prix plus bas, doit aussi être considéré.

Dans le cas des grandes réclamations, M. Villeneuve insiste sur l’importance d’offrir un service de soutien exhaustif aux réclamants, quitte à les diriger dans des cliniques spécialisées. « Si on a une réclamation de près d’un million de dollars, on veut que le traitement soit bien observé », a-t-il dit.

La solution la plus efficace demeure cependant l’identification et la prise en charge des participants à risque avant qu’ils ne commencent à coûter cher en réclamations. De là l’importance d’une stratégie intégrée incluant à la fois la santé, les absences et le mieux-être des employés. « Un changement dans une sphère va affecter tout le régime. On ne doit plus regarder les différentes composantes (médicaments, invalidité, etc.) en silo », a soutenu Charles-Antoine Villeneuve.

Dans une optique de sensibilisation des employés, il propose aussi de mettre en place des communications ciblées en lien avec les réclamations. « Par exemple, on pourrait envoyer à tous les employés qui prennent un médicament original pour le contrôle du cholestérol un courriel les informant que des alternatives moins coûteuses existent du côté des génériques et les inviter à magasiner », a-t-il expliqué.

Données salvatrices

Selon M. Villeneuve, les entreprises qui décident de ne rien faire aujourd’hui et de continuer d’absorber les coûts pourraient avoir de très mauvaises surprises dans le futur si elles n’ont pas pris la peine de réaliser des projections à long terme. L’analyse de données se révèle donc un allié précieux dans l’optimisation de la gestion des risques et la formulation d’une stratégie de santé viable.

« Vous ne pouvez pas gérer ce que vous ne pouvez pas mesurer. Des données pourraient par exemple révéler qu’investir dans un programme d’aide aux employés ou bonifier l’accès aux psychologues serait bénéfique à long terme. La prévention, ce n’est jamais rentable la première année, mais il faut parfois investir plus aujourd’hui pour économiser plus tard. »

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