Une nouvelle étude publiée cette semaine par l’Institut Fraser affirme que le Canada aurait tout intérêt à apprendre du système nippon de soins de santé universels.

En effet, le modèle japonais permet à la population d’accéder rapidement à des soins de qualité, et ce à des coûts moindres qu’au Canada.

L’étude observe qu’en 2009, les dépenses de santé du Canada étaient de 87 % supérieures à celles du Japon, et de 26 % supérieures aux dépenses moyennes des pays développés offrant des soins de santé universels.

« Pourtant, les délais d’attente pour obtenir un traitement au Canada sont toujours parmi les plus longs des pays développés, affirme Nadeem Esmail, directeur de la recherche sur les politiques de santé de l’Institut Fraser et auteur de l’étude intitulée Health Care Lessons from Japan. L’expérience du Japon montre qu’il est possible d’offrir des soins de santé de qualité à l’ensemble des citoyens, peu importe leur capacité de payer, et à un coût raisonnable pour les contribuables. »

L’une des principales conclusions de cette étude de l’organisme est que le Canada devrait mettre en place certaines réformes, calquées sur le modèle nippon.

« Pour reproduire le modèle japonais de soins de santé, le système canadien nécessiterait une réforme en profondeur. Il faudrait notamment passer d’un régime public d’assurance financé à même les impôts à un système d’assureurs indépendants offrant une couverture fondée sur le versement de primes, explique M. Esmail. Le système japonais à assureurs multiples est réglementé par le gouvernement fédéral pour garantir l’accès aux soins de santé à l’ensemble de la population, y compris les personnes incapables de s’offrir une couverture, grâce au soutien des contribuables. »

Voici donc quatre réformes dont pourrait profiter la population canadienne, selon l’Institut Fraser :

1. Un financement basé sur les activités
Cette façon de faire inciterait les hôpitaux à traiter plus de patients et à leur fournir les types de services dont ils ont besoin. Selon l’Institut Fraser, « l’octroi d’enveloppes budgétaires globales (principal mode de financement des hôpitaux au Canada) coupe le financement de la réalité de la prestation de services ». L’organisme rappelle également que l’instauration d’un modèle de financement basé sur les activités peut être synonyme de la prestation d’un plus grand nombre de services, de délais d’attente plus courts, de soins de qualité supérieure, etc.

2. Un système parallèle privé
Au Japon, près de 70 % des hôpitaux sont privés, soit environ 55 % des lits. Cependant, environ 74 % des lits dédiés aux soins de courtes durées se situent dans des hôpitaux privés.

« Le principal avantage d’une plus grande prestation privée de soins de santé dans le cadre du financement fondé sur les activités est d’encourager la concurrence, ce qui incite l’ensemble des fournisseurs, tant publics que privés, à être plus efficient », explique M. Esmail.

3. Partage des coûts pour la couverture universelle de soins de santé
Au Canada, il n’y a pas de partage des coûts, c’est-à-dire que les Canadiens ne doivent pas payer une partie de leurs soins de santé qui sont assurés. Selon l’Institut Fraser, cette façon de faire est la raison pour laquelle le système canadien est victime de gaspillage des ressources et d’une demande excessive. L’organisme avance qu’un partage des coûts permettrait aux patients de prendre des décisions éclairées quant à leurs soins de santé, ce qui aurait pour conséquence d’améliorer l’efficacité des soins prodigués au Canada, en plus de réduire les dépenses en matière de santé et d’améliorer l’accès aux traitements aux personnes qui en ont vraiment besoin. L’Institut Fraser ajoute que cette manière de faire ne nuit pas à la santé de la population, à la condition que les citoyens dont le revenu est faible en soient exemptés.

4. Un système d’assurance sociale garantissant une couverture universelle
Au Japon, le système d’assurance sociale favorise un accès rapide et à des coûts inférieurs à des soins de santé de qualité. L’Institut Fraser souligne que des études internationales démontrent que les modèles d’assurance sociale sont souvent plus efficaces que les régimes publics d’assurance maladie, notamment quant à la rapidité de l’accès aux soins, la qualité de ces soins et l’accès aux technologies de pointe.

« L’une des principales différences entre un système d’assurance sociale et un régime public d’assurance est la dépolitisation de la prise de décision, soutient M. Esmail. L’indépendance des fournisseurs leur permet de se concentrer sur les besoins des consommateurs au lieu de ceux des administrateurs. »