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Deux pharmaciens montréalais affirment vouloir mieux contrôler la « hausse préoccupante » du coût des médicaments, grâce à un « tout nouveau concept » de pharmacie.

Benoît Picard et Karl Desjardins proposent aux Québécois de prendre le virage numérique pour accéder à une pharmacie alternative « simple, conviviale, personnalisée et sécuritaire », qui fonctionne grâce à des livraisons postales de médicaments.

Dans un communiqué de presse, on souligne que la préoccupation première demeure la santé des patients et l’usage optimal des médicaments, tout en abordant la problématique de la hausse des coûts de ces derniers.

Bien que le service postal permet des économies de temps pour les patients, les pharmaciens précisent qu’il est très important que le choix de pharmacie se fasse « avant tout sur la base du service offert et de la relation entre le patient et son pharmacien ».

Ils ajoutent que c’est le changement du modèle d’affaire des joueurs en place qui permettra de trouver des solutions aux problèmes en assurances médicaments.

« Notre approche est de favoriser la concurrence au niveau des prix des médicaments par l’accent mis sur la transparence des prix, et ce, au bénéfice des patients. Seul un modèle centralisé utilisant la livraison postale peut aborder cette problématique à l’échelle provinciale et incidemment faire une réelle différence. »

En entrevue avec Avantages, Bertrand Bolduc, président de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), a tenu à rappeler qu’une pharmacie n’est pas « uniquement un endroit où on distribue des médicaments. On s’y occupe de la santé des gens, de leur profil pharmacothérapeutique pour minimiser les risques et les effets secondaires. »

Quant à la transparence des prix, M. Bolduc a expliqué que les informations étaient déjà disponibles dans les pharmacies. « L’accès aux prix n’est pas un problème, dit-il. Demandez à votre pharmacien; il vous le dira. »

Pour l’OPQ, il importe de choisir sa pharmacie en fonction des services et des besoins individuels et d’y rester. « On a certes le droit de changer, mais si on va toujours au même endroit, le pharmacien a toutes les informations [du patient] pour faire des suivis et advenant un problème important. »

Par courriel, l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) a commenté que la pharmacie postale existe « depuis longtemps » au Québec et que celle-ci comporte en effet des avantages pour certains patients.

« Toutefois, pour la majorité, la rencontre en personne avec le professionnel de la santé qu’est le pharmacien demeure essentielle, affirme-t-on. Il est à noter aussi que la quasi-totalité des pharmacies québécoises offrent la possibilité aux patients de recevoir leur médication à la maison par le biais de la livraison ou autre. »

Lyne Duhaime, présidente de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP) au Québec, observe qu’en termes généraux, l’organisation est en faveur de « tout ce qui peut aider à contrôler les coûts des médicaments ».

« C’est bien qu’il y a de nouvelles idées, dit-elle. [Ces pharmaciens] arrivent dans la discussion et disent qu’on peut faire des choses différemment, à moindre coût, qu’on peut être plus transparent. C’est intéressant, car il faut être ouvert à différentes façons de faire en matière de pharmacie et médicaments. »

Mme Duhaime a aussi rappelé un récent sondage de l’ACCAP qui indiquait que la proximité était la principale raison de choisir une pharmacie. « Si le côté pratique motive les gens, on peut croire que ceux-ci devraient apprécier la pharmacie postale. »

La Pharmacie Benoît Picard & Karl Desjardins propose une stratégie à trois volets pour mieux gérer le coût des médicaments :

Favoriser la concurrence sur le prix des médicaments en misant sur la transparence des prix, notamment par la possibilité pour le patient d’obtenir facilement le prix de ses médicaments en ligne;

Proposer le service de la médication chronique tous les trois mois, réduisant par le fait même les honoraires professionnels associés aux services chaque mois;

Favoriser l’utilisation des médicaments génériques où leur utilisation est sous-optimale.