Québec solidaire dénonce un angle mort dans la réforme de la santé et de la sécurité du travail : l’épuisement professionnel.

Le ministre du Travail, Jean Boulet, a refusé de reconnaître l’épuisement professionnel comme une maladie professionnelle dans son projet de loi 59, actuellement à l’étude à l’Assemblée nationale.
Cette réforme vient mettre à jour les lois actuelles qui datent de plus de 40 ans.

À la période de questions jeudi dernier, le porte-parole de QS en matière de travail, Alexandre Leduc, a évoqué que beaucoup de travailleurs de la santé et de l’éducation étaient affectés par l’épuisement professionnel.

Il a rappelé que la Fédération des médecins spécialistes demandait d’ajouter l’épuisement professionnel à la liste des maladies professionnelles reconnues comme admissibles à l’indemnisation.

« Ça permettrait d’alléger la procédure actuelle qui est très anxiogène pour le travailleur et la travailleuse », a-t-il argué.

En réponse, M. Boulet a pour sa part rappelé qu’il avait mis à jour la liste des maladies reconnues, notamment en ajoutant le trouble de stress post-traumatique. Pas moins de 67 % des maladies psychologiques découlent de ce trouble, a-t-il fait savoir.

Il ne s’est toutefois pas aventuré jusqu’à ouvrir une porte pour l’épuisement professionnel. « Il y a encore du chemin à faire », a-t-il cependant reconnu.

Surdité professionnelle

M. Leduc a aussi évoqué le sort d’autres exclus de la réforme : des milliers de travailleurs atteints de problèmes d’ouïe ne pourront plus obtenir de l’aide si le projet de loi est adopté tel quel.
En vertu des nouveaux critères proposés, une demande d’ouverture de dossier sur six à la CNESST serait refusée (16,5 %). Or ces nouveaux seuils ne reposent pas sur des données scientifiques, déplorent les professionnels de la santé.

« Ça, c’est 21 millions de dollars en indemnités qui vont être retirées à des vrais travailleurs qui ont des vrais problèmes, s’est insurgé M. Leduc. La priorité du ministre, c’est la santé auditive des travailleurs et travailleuses ou la santé financière du grand capital. »

« En matière de surdité, les coûts sont passés de 40 à 160 millions $ dans les 10 dernières années », a riposté le ministre, en rappelant que les coûts du régime d’indemnisation sont assumés à 100 % par les employeurs.

On estime qu’entre 287 000 et 350 000 travailleurs sont exposés à des niveaux de bruit suffisamment élevés pour être sujets à développer une surdité professionnelle.

Le projet de loi 59 vise à réformer le système actuel pour en réduire les coûts. La CNESST a versé des prestations totalisant 2,22 milliards $ en 2018. Elle avait alors accepté 103 406 lésions professionnelles et enregistré 226 décès. Chaque jour, 251 travailleurs subissent un accident.