Portée par le vieillissement de la population et les avancés thérapeutiques, la croissance des coûts des médicaments est une préoccupation majeure pour les régimes d’assurance collective. Pour mieux cerner les impacts d’une telle réalité, l’économiste Richard Lavoie a présenté une série de projections lors de la Conférence TELUS Santé 2015, qui s’est tenue jeudi dernier à Montréal.

En 2014, le coût admissible par assuré a été de 612 $ au Québec, soit une augmentation de 3,7 % par rapport à 2013. Au cours des trois prochaines années, les coûts devraient augmenter entre 3,4 et 4,5 % par année pour atteindre 684 $ par assuré en 2017, selon le scénario moyen élaboré par Richard Lavoie.

Quant à lui, le coût admissible par réclamant a été de 871 $ en 2014, en hausse de 3,3 % comparativement à 2013. En 2017, il devrait se chiffrer à 953 $. Le taux de réclamation par assuré atteindra lui 71,8 % en 2017, contre 70,3 % aujourd’hui.

Ces projections ont été réalisées à partir des données provenant de l’ensemble des régimes administrés par TELUS Santé. « Ces résultats ne peuvent pas être transposés à un groupe spécifique. Une entreprise de pâtes et papiers et une entreprise de développement de jeux vidéo n’ont pas du tout le même profil », a mis en garde l’économiste.

Vieillissement et consommation à la hausse

Cette augmentation des coûts peut évidemment s’expliquer en partie par le vieillissement de la population québécoise. Si les assurés du Québec sont encore légèrement plus jeunes que ceux des autres provinces canadiennes (35,7 contre 35,9 ans), ils vieillissent toutefois plus rapidement, si bien qu’ils devraient rejoindre les autres Canadiens en 2017 (36,5 ans).

Selon l’analyse de Richard Lavoie, le coût admissible par assuré augmente en moyenne de 4 % par année d’âge entre 0 et 65 ans. Par ailleurs, on remarque une croissance du nombre d’assurés chez les personnes âgées de 65 ans et plus.

Mais le vieillissement de la population n’est pas l’unique responsable de l’augmentation des coûts. La quantité de médicaments consommés par les assurés pèse lourd dans la balance. « Il y a de plus en plus de mélanges de médicaments pour traiter une seule maladie, ce qui a des conséquences majeures sur les coûts. L’augmentation de la quantité de médicaments consommés par les Québécois a un impact au moins aussi important que le vieillissement de la population », a affirmé M. Lavoie.

Composition thérapeutique en évolution

Dans un contexte de population vieillissante et d’innovation dans le secteur pharmaceutique, l’évolution des coûts est grandement affectée par la composition thérapeutique des réclamations.

Alors que les réclamations concernant les maladies auto-immunes et l’oncologie représentent seulement 1 % du total, elles pèseront pour 17 % des coûts totaux en 2017 (contre 12 % en 2011). La mise en marché de médicaments biologiques très dispendieux n’est pas étrangère à cette tendance marquée à la hausse.

À l’inverse, les maladies cardiovasculaires, qui comptent pour 22 % des réclamations, représentaient 21 % du total des coûts en 2011. En 2017, ils ne seront responsables que de 14 % de l’ensemble des coûts. L’adoption massive des médicaments génériques, moins chers que les originaux, pour traiter les troubles cardiovasculaires rend possible cette forte tendance à la baisse.

La proportion des coûts liés aux réclamations de médicaments anti-infectieux et antiviraux passera pour sa part de 6 à 8 % entre 2011 et 2017. Cette hausse s’explique en partie par la mise en marché de nouveaux traitements contre l’hépatite C.

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