Les entreprises canadiennes ne prévoient pas bonifier substantiellement leur budget d’augmentation salariale en 2018, malgré une nette amélioration de la conjoncture économique, selon l’Enquête 2017-2018 sur la planification de la rémunération au Canada de Mercer.

En tenant compte des organisations qui ont mis en place un gel des salaires, la firme prévoit que les salaires canadiens augmenteront en moyenne de 2,4 % en 2018, soit une légère hausse par rapport au pourcentage de 2,3 % en 2017. Si on exclut les organisations ayant instauré un gel salarial, la projection se situe à 2,5 %, identique à celle de l’année dernière.

Ce constat peut sembler surprenant, alors que le manque de main-d’œuvre et la fidélisation du personnel font partie des principaux défis auxquels les employeurs sont confrontés, indique la même enquête. De leur côté, les employés placent la rémunération juste et concurrentielle au sommet de leur liste de priorités quand vient le temps de choisir un emploi.

« Les employeurs utilisent leur budget d’augmentation de salaire d’une façon plus stratégique », a expliqué Luc Lapalme, conseiller au sein de l’équipe Carrière de Mercer, lors d’un événement organisé par la firme mardi à Montréal. Beaucoup d’entre eux vont dans les extrêmes, en augmentant davantage les employés les plus performants et en réduisant l’augmentation des employés les moins performants. »

Les augmentations accordées aux employés qui occupent des postes en forte demande ou d’avenir sont également supérieures à la moyenne.

À lire : Culture et carrière l’emportent sur le salaire

Si ce genre de stratégie ciblée donne plus de latitude aux employeurs, elle peut en revanche créer des tensions et des perceptions d’injustice chez certains travailleurs. « Les employés vont discuter entre eux de leurs augmentations salariales, c’est pourquoi il faut faire preuve d’une très grande transparence et expliquer clairement les critères qui entrent en ligne de compte dans les décisions d’augmentations de salaire. Évidemment, il faut quand même s’assurer de rémunérer tous les employés de façon juste et équitable », souligne Luc Lapalme.

Plus de congés pour compenser

La réticence à faire croître les budgets d’augmentations de salaire varie également selon les entreprises et les secteurs d’activités. Les entreprises en décroissance, où la pression sur le contrôle des coûts est forte, se montrent plus prudentes, alors que les secteurs à fortes croissance se montrent plus généreux pour attirer des talents.

Il faut aussi noter que certaines organisations segmentent leur budget d’augmentations salariales. Aux hausses « standards » et « au mérite » peuvent s’ajouter des hausses « hors cycle » pour des cas spéciaux, comme des rattrapages salariaux, ou encore pour des promotions. Si l’on additionne tous ces budgets, on arrive à des prévisions de hausses salariales de 3 % pour 2018 au pays, selon l’enquête de Mercer.

Les entreprises réticentes à accorder des augmentations de salaire plus généreuses à leurs employés peuvent toujours envisager de leur offrir d’autres types d’avantages, tels que des options de travail flexibles.

Mais à en croire les données de l’enquête, ce que les employés veulent avant tout, hormis une meilleure rémunération, ce sont davantage de jours de congé. « Si les employeurs ne sont pas prêts à augmenter davantage les salaires, ils pourraient envisager d’offrir une semaine de vacances de plus ou encore de donner les vendredis après-midi de congé », soutient Luc Lapalme.

À lire : À rendement élevé, augmentations de salaire élevées