La main-d’œuvre canadienne compte moins de baby-boomers qu’auparavant, mais cette situation semble plus favorable à la génération Y qu’à la génération X. C’est la conclusion d’un nouveau rapport de PwC intitulé Value Through Your People, destiné au secteur bancaire et financier, mais qui se compare à la réalité d’autres secteurs d’activité, selon les auteurs de l’étude.

Le rapport révèle qu’avec les employés plus âgés qui travaillent plus longtemps – dont bon nombre occupent des postes de responsabilité – et les plus jeunes qui grimpent les échelons avec de grandes ambitions, la génération X est très susceptible de baisser les bras.

« Les résultats montrent que le taux d’avancement de la génération Y est resté stable (près de 20 %) sur une période de trois ans, tandis que celui des baby-boomers a chuté, passant de 5 % à 3 %. Cependant, nous avons été surpris de constater que le taux d’avancement de la génération X a baissé aussi, passant de plus de 11 % à moins de 10 % au cours de la même période (de 2008 à 2010), années marquées par les grandes possibilités de promotion », précise Philip Hunter, directeur au sein du groupe Gestion du changement et du capital humain de PwC.

M. Hunter pense que la génération X est peut-être prise dans un étau entre les employés plus âgés qui repoussent leur départ à la retraite et la génération Y, plus jeune et plus audacieuse, qui tente de gravir rapidement les échelons. « Parmi les autres facteurs, citons, entre autres, les changements apportés aux modèles de gestion, qui tendent à favoriser davantage les aptitudes relationnelles que les compétences en gestion, ainsi que des parcours professionnels caractérisés par des critères d’avancement plus stricts pour les postes de haut niveau, ce qui touche les membres de la génération X de façon disproportionnée », indique-t-il.

« Les banques et les autres secteurs à effectif multigénérationnel doivent adopter une approche différente en ce qui concerne les promotions, le processus officiel d’avancement et les changements apportés à leur modèle de gestion », affirme Karen Forward, directrice au sein du groupe Gestion du changement et du capital humain des Services financiers de PwC.

Le poids des générations évolue
Entre 2006 et 2010, la proportion de baby-boomers par rapport aux employés de la génération Y dans les institutions financières canadiennes est passée de 6 contre 1 à moins de 2 contre 1. À ce rythme, la présence de la génération Y dépassera celle des baby-boomers dans les institutions financières canadiennes dans les trois à cinq prochaines années. Par ailleurs, la génération X est de loin le groupe d’âge le plus présent dans les institutions financières canadiennes : il constitue une « majorité silencieuse » de 55 % à 60 % de l’effectif total.

« Les institutions financières doivent se poser des questions comme « quelle est la contribution de chaque génération, dans tous les groupes de services et les unités fonctionnelles de notre organisation? » et « aidons-nous les différentes générations à travailler ensemble? », ajoute Mme Forward. « Elles doivent aussi songer à proposer des outils de collaboration ainsi que des programmes de transfert de compétences, et se pencher sur la question de « la position délicate » de la génération X pour que ces employés clés restent motivés », affirme-t-elle.

« Le défi est de s’assurer que les employés de la génération X se sentent valorisés, en leur donnant la possibilité non seulement d’acquérir de l’expérience auprès des baby-boomers, mais aussi de partager leur savoir-faire et leurs connaissances avec la génération Y », ajoute M. Hunter.

Le rapport fournit aussi des informations sur la rétention et la fidélisation, avec des données sur les employés de la génération Y. Il révèle par exemple qu’entre 2006 et 2010, les mouvements de la main-d’œuvre au sein de la génération Y ont diminué, passant de 25 % à 16 %, ce qui s’explique en partie par l’instabilité économique pendant cette période, mais aussi par d’autres facteurs tels que l’aménagement par les organisations d’environnements de travail plus adaptés aux jeunes employés.

La place des femmes
Une autre partie du rapport traite de la présence des femmes au sein des effectifs dans les institutions financières. Le pourcentage de femmes est resté stable (environ 67 %) au cours des cinq dernières années. De plus, le pourcentage de femmes parmi les cadres est demeuré relativement inchangé (environ 25 %) pendant la même période. Si l’on tient compte de la définition, plus large, de la Loi sur l’équité en matière d’emploi, le pourcentage de femmes occupant un poste de responsabilité dans le secteur bancaire a augmenté, passant de 2 % en 1987 à 32 % en 2010, selon l’Association des banquiers canadiens.

« Il convient d’admettre que le secteur bancaire a beaucoup progressé en ce qui concerne les femmes et le leadership, bien qu’il reste des défis à relever. Les banques pourraient se demander : comment s’assurer, tout en s’adaptant aux changements réglementaires et à l’importance grandissante de la gestion du risque, que les parcours professionnels sont établis de façon à favoriser l’accès des femmes à des postes de direction? » précise Mme Forward.