L’École d’actuariat de la Faculté des sciences et du génie de l’Université Laval veut se positionner comme un chef de file dans l’enseignement de la gestion actuarielle des risques d’actifs au Québec. Avec l’aide financière de la Caisse de dépôt et placement, elle crée une chaire qui se consacrera expressément à cette mission, dans le but de répondre aux besoins du marché et de ses finissants.

« Le monde a bien changé. La gestion des risques au sein des entreprises d’assurance comme dans la gestion des régimes de retraites se doit dorénavant d’être effectuée sur une base intégrée, aussi bien du point de vue des actifs détenus que des engagements contractés. Les actuaires ne peuvent se permettre d’ignorer les multiples contingences associées aux marchés financiers, en plus des risques traditionnels liés à la mortalité, la morbidité et la gestion des sinistres de toutes sortes », a déclaré le directeur de l’École d’actuariat, M. Denis Latulippe, en expliquant l’importance de cette annonce.

Un concours international

Le lancement de la Chaire de leadership en enseignement en gestion actuarielle des risques d’actifs – Caisse de dépôt et placement du Québec a été effectué le 30 avril par le recteur de l’Université Laval, M. Denis Brière, en présence du premier vice-président, Déposants stratégie et chef des Opérations à la Caisse, M. Bernard Morency. Un vaste concours de recrutement mené au Québec et à l’échelle internationale est déjà en marche afin de recruter le premier titulaire de cette chaire.

Ce futur directeur aura beaucoup de pain sur la planche. Il devra élaborer le programme de cours, mettre sur pied un créneau spécifique de formation continue dédié aux professionnels de l’industrie, proposer de nouveaux outils pédagogiques, tout cela en quelques mois. Il n’aura pas trop le temps de jouer au touriste en arrivant à Québec.

Formation améliorée

À ce jour, tous les étudiants de l’École d’actuariat de Laval recevaient une formation de base en matière de gestion des risques d’actifs. Avec cette nouvelle chaire, qui sera en activité dès la rentrée l’automne prochain, cet enseignement sera grandement relevé et renforcé, tant au premier qu’au deuxième cycle.

« Les futurs actuaires de l’Université Laval seront munis d’un coffre à outils plus complet et seront mieux préparés à relever les défis de la profession », a estimé le doyen de la Faculté des sciences et génie, M. André Darveau.

L’Université Laval mise aussi sur cette chaire en gestion actuarielle des risques d’actifs afin rehausser sa notoriété et son pouvoir d’attraction auprès des meilleurs étudiants.

Formation continue

L’École d’actuariat a également la ferme volonté d’en faire profiter ses anciens étudiants. La chaire offrira de la formation continue à l’attention de ses gradués et autres professionnels déjà sur le marché du travail qui veulent enrichir ou parfaire leurs connaissances dans le domaine de la gestion actuarielle des risques d’actifs.

« Au cours de la dernière année, on a tenu un certain nombre de séminaires et colloques, mais pas nécessairement dans le domaine dont on parle aujourd’hui. Avec la CLE, on sera mieux positionné pour le faire dans l’avenir », se réjouit Denis Latulippe.

La création de cette chaire entraîne un brassage d’importance à l’École d’actuariat. Elle s’accompagne d’une révision du cursus. L’institution créée en 1951 veut profiter de cette évolution afin de revoir en cours, ses outils pédagogiques et en développer des nouveaux.

« La formation traditionnelle de base va demeurer, mais on veut la compléter et la renforcer avec des applications et des logiciels. Nous voulons aller plus loin dans les outils spécialisés dans le domaine où nous allons faire de l’enseignement », a expliqué M. Latulippe à Conseiller.ca.

Interdisciplinarité

Autre élément majeur provoqué par la création de cette chaire : elle permettra d’intensifier ses rapports avec la Faculté des sciences de d’administration sur le thème de la gestion des risques d’actifs.

« L’interdisciplinarité est un élément qui nous a beaucoup interpelé dans notre décision d’appuyer financièrement la création de cette chaire, a commenté M. Bernard Morency, de la Caisse de dépôt et placement. C’est l’un des objectifs que s’est donné la CLE : offrir un enseignement multidisciplinaire et aider les étudiants à voir les interrelations entre les divers facteurs qui influencent le risque d’une caisse de retraite ou d’une caisse d’assurance. C’est un élément crucial de la formation qui doit être mise de l’avant ».

Le recteur de l’Université Laval, M. Denis Brière, reconnaît que le rapprochement et l’interdisciplinarité entre facultés n’est pas une chose évidente.

« Faire des projets multidisciplinaires, ce n’est pas toujours facile, a-t-il admis. Ce n’était pas dans notre culture, mais ça le devient. Il y a de plus en plus de partenariats qui se font entre les facultés. D’autres annonces du même genre seront faites bientôt ».

Financement

La Caisse de dépôt et placement, qui a tout à gagner à encourager la formation d’experts de haut niveau en gestion des risques, accorde un appui financier de 200 000 $ sur cinq ans pour la création de cette chaire. Des amis de l’École d’actuariat ainsi que des donateurs ajoutent 125 000 $ et l’Université Laval égalisera la mise pour un budget total de 650 000 $ d’ici 2019.

Autres projets

L’École d’actuariat de l’Université Laval accueille environ 300 étudiants au baccalauréat et une trentaine dans les cycles supérieurs. Au total, il en gradue environ 80 par année. L’établissement a également d’autres projets sur la table.

« On va s’interroger sur l’évolution des régimes de retraite. On met aussi des énergies sur la gestion du risque d’entreprise. Nous sommes parvenus à un point où la profession a atteint une certaine maturité. Il faut permettre à certains d’aller chercher une spécialisation plus grande », a conclu M. Latulippe au terme d’une entrevue avec notre publication sœur Conseiller.ca.