Après la Colombie-Britannique, c’est au tour de l’Alberta de resserrer ses règles de remboursement des médicaments biologiques au profit des biosimilaires.

À partir du 1er juillet 2020, la province ne remboursera plus la plupart des médicaments biologiques si un équivalent biosimilaire existe, et ce, autant pour les nouveaux patients que les patients actuels. Certaines exceptions seront toutefois mises en place, notamment pour les femmes enceintes et les enfants.

Le gouvernement a indiqué qu’il communiquera avec toutes les personnes touchées par le changement au cours des prochains mois, rapporte Radio-Canada.

Le ministre de la Santé de l’Alberta, Tyler Shandro évalue à 380 M$ les économies que pourra réaliser la province au cours des quatre prochaines années grâce à cette nouvelle politique.

Une mesure contreproductive?

La transition de patients actuellement traités à l’aide de médicaments biologiques vers des médicaments biosimilaires suscite de l’inquiétude chez certains professionnels de la santé. Selon l’Alliance for Safe Biologic Medicines (ASBM), un organisme de défense des droits des patients, 26 000 patients seront forcés de faire ce transfert. La plupart d’entre eux souffrent de diabète, de la maladie de Crohn, de rectocolite hémorragique, de maladies rhumatismales et de sclérose en plaques.

Une enquête réalisée par l’organisme a conclu que 64 % des médecins canadiens affichent des réticences à l’égard du fait qu’un tiers, comme un assureur ou un gouvernement, change le médicament biologique d’un patient dont l’état est stable pour des raisons non médicales (par exemple le coût) comme le prévoit la politique adoptée par la Colombie-Britannique et l’Alberta.

« Le ministre Shandro affirme que cette politique vise à créer un marché biosimilaire durable alors qu’elle pousse l’Alberta précisément dans la direction opposée aux marchés florissants d’Europe, juge Michael Reilly, directeur général de l’ASBM. Les provinces canadiennes qui souhaitent imiter le succès de l’Europe devraient rejeter la substitution forcée et se tourner plutôt vers les politiques de substitution éprouvées de l’Europe, où de nombreux produits sont remboursés et exposés à la concurrence, ce qui se traduit par des pressions baissières sur les prix et des taux d’adoption élevés des biosimilaires, sans porter atteinte au contrôle du médecin et du patient dans les décisions thérapeutiques. »