Faibles augmentations salariales, grandes préoccupations pour la santé et la productivité des employés et changement d’attitude à l’égard des régimes de retraite, tels sont les trois grands constats dégagés par l’enquête annuelle sur les tendances en ressources humaines de Morneau Shepell.

Les employés ne doivent pas s’attendre à de faramineuses hausses de salaire en 2016. Le contexte économique poussera plutôt les employeurs canadiens à faire preuve de prudence. Ceux-ci prévoient une augmentation salariale moyenne de 2,5 % en 2016, en baisse par rapport à l’augmentation moyenne de 2,8 % prévue l’an dernier pour 2015. Cette moyenne tient compte des gels anticipés.

« Compte tenu de la chute des prix du pétrole et des signes de récession, les employeurs restent prudents à l’égard de l’année à venir », affirme Michel Dubé, directeur du groupe de Services-conseils en rémunération de Morneau Shepell.

Les salariés des secteurs minier, pétrolier et gazier devront s’attendre à des augmentations salariales sous la moyenne canadienne, tout comme ceux du secteur public où les pressions vers l’atteinte de l’équilibre budgétaire contribuent à limiter les possibilités de bonification de la rémunération.

« Les prévisions d’augmentations salariales les plus élevées sont observées dans le secteur des services financiers, où elles sont de 3 %, et dans celui des services professionnels, scientifiques et techniques, où elles pourraient atteindre 2,9 % », ajoute M. Dubé.

La santé en priorité

Dans un contexte économique incertain, les organisations ont l’intention d’investir davantage dans des programmes conçus pour améliorer la productivité, révèle également l’enquête de Morneau Shepell. Ainsi, 66 % des répondants ont indiqué que l’amélioration de la santé et de l’engagement de leurs employés constituerait une priorité majeure en 2016. Ce chiffre est en hausse par rapport aux 53 % de l’an dernier.

« En raison du rythme actuel des changements, il existe un lien étroit entre la santé et les capacités d’adaptation des employés, et leur engagement au travail », affirme Randal Phillips, vice-président exécutif et chef du service à la clientèle chez Morneau Shepell.

Plus de 30 % des employeurs ayant participé à l’enquête prévoient ainsi mettre en œuvre une méthode d’évaluation des risques pour la santé de leurs employés avant la fin de 2016, et plus du tiers prévoient offrir une formation visant à améliorer leurs capacités d’adaptation, également en 2016.

L’enquête révèle également un changement de perception de la part des employeurs concernant leurs programmes d’assurance collective et de mieux-être. « Auparavant, les employeurs mettaient ces programmes en œuvre sans se préoccuper d’en connaître les résultats, mais cette situation change. Maintenant, plus de 20 % d’entre eux font un suivi de la santé et de l’engagement dans leur organisation, et notre enquête révèle que ce nombre doublera presque d’ici la fin de 2016 », soutient M. Phillips.

Du côté des troubles de santé mentale, qui constituent la cause principale de congés de maladie et d’invalidité, plus de la moitié des répondants prévoient mettre en place des formations à l’intention de leurs gestionnaires avant la fin de l’année prochaine, et 28 % en sont à élaborer un plan visant à tenir compte de la santé et de la sécurité psychologiques dans leur milieu de travail.

Mais ces préoccupations pour la santé et la productivité des employés vont de pair avec un objectif de réduction des coûts. L’une des priorités des employeurs est de réduire les coûts engendrés par les congés de maladie et d’invalidité et d’aider leurs employés à reprendre le travail plus rapidement. Plus de 40 % des employeurs ont d’ailleurs répondu avoir l’intention de se concentrer sur ce problème au cours de la prochaine année.

Les options de décaissement gagnent des adeptes

L’enquête révèle également que d’importants changements se produisent dans l’attitude qu’adoptent les employeurs à l’égard de leur régime de retraite. « Auparavant, les promoteurs de régime de retraite à cotisations déterminées laissaient leurs employés se débrouiller par eux-mêmes lorsqu’ils prenaient leur retraite, explique M. Phillips. Ces nouveaux retraités devaient choisir entre des options de placement relativement coûteuses et estimer avec justesse le montant adéquat qu’ils pouvaient retirer chaque année sans risquer d’épuiser leur capital trop rapidement. De mauvaises décisions peuvent avoir une incidence déterminante sur le revenu de retraite, et des promoteurs de régime commencent à en tenir compte. »

Pour répondre à cette problématique croissante, environ 27 % des promoteurs qui ont répondu à l’enquête ont déclaré avoir l’intention d’offrir des options de versement à leurs retraités, s’ils ne le font pas déjà. « Il s’agit là d’un pas très important vers la sécurité du revenu pour les Canadiens retraités, et nous espérons que de plus en plus de promoteurs adopteront des mesures en ce sens au cours des années à venir », ajoute M. Phillips.

La 33e enquête annuelle de Morneau Shepell sur les tendances en ressources humaines a été réalisée entre la mi-juin et la fin de juillet 2015 et couvre les prévisions d’organisations employant 640 000 employés au Canada.

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