La hausse exponentielle des coûts des soins de santé est telle que l’on assistera peut-être bientôt à la fin des avantages sociaux tels qu’on les connaît aujourd’hui, prédit Mercer.

La firme de services-conseils estime en effet que les coûts de soins de santé des employeurs grimperont de 130 % d’ici 2025.

« Si aucun changement n’est apporté aux régimes d’avantages sociaux, la hausse des coûts ne sera pas soutenable à long terme pour les employeurs », a affirmé d’entrée de jeu Julie Duchesne, responsable du domaine santé de Mercer au Canada, lors d’un événement organisé par la firme mercredi à Montréal.

Les processus d’appel d’offres en vue de trouver un assureur moins cher permettent certes de réaliser des économies à court terme, mais ils ne règlent pas le fond du problème. Il faudra pour cela redéfinir les avantages sociaux, notamment en adoptant une approche similaire à celle des régimes de retraite à cotisation déterminée.

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Concrètement, cela peut prendre la forme d’un régime d’assurance de base, qui couvre le strict minimum comme les médicaments et l’invalidité, auquel on ajoute un « gros » compte de gestion santé dans lequel les employés peuvent sélectionner leurs avantages facultatifs. « La bonification du volet facultatif permet à la fois aux employeurs de transférer une partie du risque aux employés, et aux employés de choisir des options qui les rejoignent davantage », explique Julie Duchesne.

Aux États-Unis, cette approche est déjà très répandue : les avantages facultatifs représentent à eux seuls un marché de 5 milliards de dollars, comparativement à seulement 20 millions au Canada.

Dans une optique de rémunération globale, un employé pourrait même payer une formation grâce aux sommes contenues dans le compte de gestion santé, donne en exemple Mme Duchesne.

La transférabilité, un nouvel enjeu

En 2016, 13 % des travailleurs canadiens occupaient des postes temporaires ou contractuels. En 2025, ils seront 40 % à occuper de tels postes, observe Mercer. Cette transformation rapide et profonde du marché de l’emploi est un autre facteur qui poussera les employeurs à revoir leurs programmes d’avantages sociaux.

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Comme une grande proportion d’employés ne resteront pas très longtemps à l’emploi d’une même organisation, la question du transfert de leur couverture d’assurance deviendra un enjeu majeur. « Grâce au volet facultatif, ils pourront conserver leur couverture auprès du même assureur même s’ils changent d’emploi », mentionne Julie Duchesne.

Ces couvertures facultatives seront certes payées entièrement par l’employé, mais l’employeur fera office de facilitateur avec les compagnies d’assurance, ce qui permettra à l’employé d’obtenir de meilleurs prix que s’il faisait lui-même les démarches auprès de celles-ci.

Déjà bien présents, aux États-Unis, les marchés virtuels sont des plateformes en ligne qui offrent aux employés différentes options pour personnaliser leur couverture à des prix plus avantageux.

Julie Duchesne tient toutefois à préciser que les régimes d’assurance plus traditionnels vont continuer d’exister pour les besoins de base, comme les médicaments et l’invalidité.

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