Quelle sera l’économie du Canada en 2025? À quoi ressemblera la société canadienne? Le Canada se distinguera-t-il des autres pays ou tirerons-nous de l’arrière? Ce sont les questions que se sont posées l’Association des professionnels en ressources humaines (APRH) et le groupe de conseils en Capital humain de Deloitte, dans le cadre d’une étude. Cette dernière décrypte les grandes tendances économiques, sociales, technologiques, environnementales et démographiques qui ont une influence sur le milieu du travail canadien. Les deux organisations nous proposent trois scénarios différents pour 2025 : « la décennie perdue, la prospérité éphémère ou le tigre du Nord ».

Quelles conclusions?
Ce sont les décisions prises aujourd’hui par le gouvernement canadien qui ont influencé ces trois scénarios. L’étude a pour but de démontrer comment ces décisions pourraient « paralyser ou propulser » le Canada. Dans chaque scénario, on imagine ce que serait le Canada selon l’angle du marché du travail et analyse l’effet des décisions sur la productivité de la main-d’œuvre, sur les contrats d’emploi et sur l’organisation du travail.

Selon les deux organisations, les deux scénarios, bien que présentant un avenir sombre pour le Canada, sont plutôt réalistes, si le gouvernement canadien persiste à prendre le même genre de décisions qu’il prend aujourd’hui. C’est surtout le manque d’innovation et de leadership qui pourrait coûter cher à l’économie et à la société canadiennes.

Premier scénario : la décennie perdue
Ce scénario décrit ce qui arriverait si le gouvernement n’arrivait pas à prendre les décisions stratégiques en ce qui concerne l’éducation, l’immigration et l’emploi. Si la reprise économique est lente, cela signifie qu’il y aura beaucoup de chômeurs au Canada et beaucoup d’emplois sans personne qualifiée. L’image de marque du Canada s’érodera et l’immigration sera moindre. Les employés canadiens qualifiés se tourneront vers l’étranger, afin d’y trouver des opportunités d’emploi plus alléchantes, ce qui aura pour effet de vider les entreprises canadiennes.

Deuxième scénario : la prospérité éphémère
Un scénario un peu moins sombre que le premier, mais qui est quand même risqué, selon Deloitte et l’APRH. Les ressources canadiennes faisant l’objet d’une demande au niveau mondial, ce secteur connaîtra une certaine prospérité. Ce le secteur des marchandises qui connaîtra des difficultés importantes. De plus, le système d’éducation canadien n’arrivera pas à s’adapter à la nouvelle réalité du marché du travail, ce qui aura pour conséquence que ce marché du travail regorgera « de personnes brillantes, dotées de compétences invendables ». Peu de solutions seront apportées aux problèmes de l’immigration et de la reconnaissance des titres de compétence.

Le troisième scénario : le tigre du Nord
Pour que ce scénario se réalise, il faudrait que le gouvernement canadien engage le pays vers une nouvelle direction et que le statu quo soit abandonné. Les changements apportés devront être majeurs, tout en restant réalistes. Il faudrait donc que le Canada saisisse « l’incertitude mondiale comme une occasion d’apporter des changements profonds et ingénieux », expliquent les deux organisations. Dans ce scénario, ce sont les nouvelles technologies qui redonnent un souffle à l’économie et au marché du travail canadiens, et plus précisément le secteur de la technologie verte et les TIC. Les travailleurs doivent donc être experts en technologie et la force de travail diverse et engagée.

« Parmi les trois scénarios, le plus souhaitable – et le seul qui soit véritablement viable – est le tigre du Nord, explique Bill Greenhalgh, chef de la direction de l’Association des professionnels en ressources humaines. À l’instar du tigre du Nord, le Canada jouit d’une économie forte et robuste dans laquelle la flexibilité du milieu de travail est la norme et où les fournisseurs de formation et d’éducation sont en harmonie avec les besoins de l’entreprise. Être un tigre implique une férocité d’esprit qui fait parfois défaut au Canada, poursuit M. Greenhalgh. Une volonté et une détermination considérables de la part des employeurs et des décideurs politiques seront nécessaires en vue d’aligner tous les éléments requis pour garantir la disponibilité d’une population active moderne et engagée en 2025. »

Pour le conseiller principal en Capital humain de Deloitte dans la région du grand Toronto, Jeff Moir, la solution est simple : « La meilleure façon de prédire l’avenir, c’est de l’inventer. Si nous souhaitons devenir le tigre du Nord, nous devons agir dès maintenant – 2025 est plus près que nous le pensons, et du point de vue politique, il n’y a que trois ou quatre élections d’ici là. Le gouvernement et les entreprises doivent travailler ensemble pour explorer les stratégies communes dont nous avons besoin, indépendamment de ce que réserve l’avenir, ainsi que les stratégies visant à nous protéger contre des résultats indésirables. Pour parvenir à un “avenir inventé” à la fois durable et prospère, nous devons expérimenter de nouvelles formes de travail, apprendre rapidement les uns des autres et adopter de bonnes idées sans tarder », ajoute M. Moir.

Tant pour Deloitte que pour l’APRH, le Canada réussira à devenir le tigre du Nord s’il prend les bonnes décisions, et ce rapidement. Les décisions les plus urgentes selon eux sont :

• moderniser l’éducation;
• réformer l’immigration;
• accroître la flexibilité de l’emploi;
• investir dans l’excellence industrielle;
• bâtir l’infrastructure pour faciliter l’accès aux talents.

« Le succès du Canada dépendra de la création d’une économie diverse et durable bâtie sur le capital humain – une population active efficace comprenant les bonnes personnes, dotées des bonnes compétences et occupant les bons emplois », conclut M. Greenhalgh.