Brent Barrie, président de Seamark Asset Management

Depuis la récente crise financière, la sélection des gestionnaires de portefeuille a pris une importance capitale. Plus que jamais, les caisses de retraite sont à la recherche de gestionnaires dignes de confiance, qui utilisent des processus éprouvés. De passage à Montréal, nous avons récemment discuté de ces aspects avec Brent Barrie, président et chef de la direction de Seamark Asset Management.

Depuis sa création en 1982, Seamark Asset Management fournit des services de gestion de placements qui mettent l’accent sur la préservation et l’amélioration des actifs des clients. La philosophie de la société repose sur la performance à long terme et la stabilité. Son approche fondamentale ascendante lui permet de sélectionner des titres d’entreprises de qualité avec une position concurrentielle enviable, dont la gestion est éprouvée. La préférence est accordée aux entreprises dont les perspectives de croissance sont durables.

D’entrée de jeu, M. Barrie souligne que Seamark s’est d’abord fait connaître pour son expertise en actions canadiennes, américaines et internationales. «Depuis cinq ans, nous nous sommes également faits remarquer grâce à nos excellentes performances en revenus fixes», précise-t-il.

L’évolution du rôle de gestionnaire
La dernière décennie fut particulièrement difficile pour les investisseurs institutionnels. Non seulement ils ont dû faire face à deux baisses dramatiques des marchés, mais ils ont dû composer avec des taux d’intérêt long terme qui ont atteint des planchers historiques.

Selon M. Barrie, les investisseurs, peu importe leur profil, recherchent de la stabilité, ce qui a été extrêmement difficile à obtenir dans les dix dernières années. Ils veulent également des réponses précises dans la manière avec laquelle nous gérons les portefeuilles. «Au-delà de la gestion de portefeuille, il faut devenir de meilleurs communicateurs avec nos clients. Il faut les informer régulièrement afin de les aider à mieux comprendre ce qui se passe sur les marchés », insiste M. Barrie.

En ces temps de rendements moins élevés, le défi des gestionnaires consiste à obtenir le maximum de rendement sur une longue période sans prendre des risques superflus. «Les investisseurs recherchent des classes d’actifs qui leur procurent des revenus courants ainsi qu’une certaine liquidité. Nous devons donc construire des portefeuilles qui répondent à ces critères, en tenant compte de la volatilité et de la corrélation entre les actifs qui composent le portefeuilles », explique M. Barrie.

Seamark a récemment étendu l’accessibilité de son expertise aux finances individuelles. En janvier, Matrix Asset Management a fait l’acquisition de Seamark, les Fonds Matrix et GrowthWorks, ce qui a permis à la société d’offrir une gamme de services plus étendue, qui comprend une expertise accrue dans certaines classes d’actifs et diverses stratégies d’investissement.

«Nous avons regroupé trois organisations fortes avec des lignes de produits diverses et complémentaires. Les trois organisations favorisent une approche similaire et constante. Notre implication avec Matrix et GrowthWorks nous procure non seulement un champ d’expertise plus vaste, mais surtout un réseau de distribution auquel nous n’avions pas accès auparavant. »

Une tendance qui s’accentue
Au fil des dernières années, Seamark Asset Management s’est graduellement spécialisée dans l’investissement socialement responsable (ISR) puisque de plus en plus d’organisations prônent certaines valeurs sociales dans leurs placements. M. Barrie spécifie qu’on ne parle pas ici uniquement d’organisations charitables, mais aussi de plusieurs caisses de retraite, dont les membres de comités de retraite s’intéressent à ce type de placement.

«Investir dans ce genre de placement ne signifie pas pour autant de laisser de l’argent sur la table», explique M. Barrie. « Notre but est d’investir dans des compagnies en bonne santé financière qui favorisent certains principes intégrant des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance aux activités d’investissement.»

Le processus d’investissement demeure le même à la base, estime M. Barrie. « Il faut atteindre certains objectifs de rendement et évaluer le risque, mais en tenant compte également de critères plus précis en matière d’investissement responsable », dit-il. «Ces principes fournissent aux investisseurs un cadre de travail leur permettant d’atteindre un meilleur rendement de leurs investissements à long terme et des marchés plus durables», a mentionné M. Barrie.

Le rendement et le risque
Plus que jamais, le ratio rendement-risque est un concept à la mode par les temps qui courent. Les caisses de retraite analysent de plus en plus les corrélations entre les titres qui composent les portefeuilles.

Seamark accorde beaucoup de temps à analyser le coût jugé convenable et le risque de chacun des titres. Pour le gestionnaire de fonds, il importe d’investir seulement dans ce qu’il connaît ou qu’il soit possible d’obtenir de l’information facilement. « Les marchés peuvent fluctuer, mais nous savons toujours comment nos placements vont réagir puisque nous connaissons dans quoi nous investissons. C’est aussi pourquoi nous n’avons jamais investi dans les papiers commerciaux adossés à des actifs (PCAA).»

«Il faut savoir gérer la volatilité en fonction du rendement espérer via les écarts-types notamment», dit-il. «Nous construisons des portefeuilles en insérant des valeurs sûres telles que des produits industriels ou des produits de consommation, plus stables. Il n’est pas question d’inclure des commodités dont le prix peut varier passablement (sans grandes raisons) au cours d’une année.»

Une perspective des marchés
Selon M. Barrie, les placements offrant un revenu courant continueront d’être la tendance au détriment du gain de capital. «Il y a assurément un potentiel intéressant pour le marché des actions notamment.»

M. Barrie avance que les placements dans les pays en développement connaîtront également une hausse de popularité chez les investisseurs. « On perçoit une émergence de la classe moyenne dans les pays comme l’Inde et la Chine notamment. Il faut s’attendre encore à une croissance relativement stable pendant plusieurs années dans ces pays. À l’inverse, on voit déjà un certain ralentissement dans les pays comme le Canada, les États-Unis, le Japon et les pays européens. Il faudra ouvrir nos horizons.»

M. Barrie pense que malgré la reprise économique plus lente que prévue, certaines grandes compagnies se démarquent tout de même. « Les taux d’intérêt long terme augmenteront assurément, mais la question est de savoir quand précisément l’amorce de la hausse débutera», conclut-il.