Le monde du travail est en pleine évolution. Pour la première dans l’histoire, quatre générations se côtoient au travail, ce qui entraîne des défis pour les employeurs, a expliqué Claudine Ducharme, directrice, Services-conseils gestion de la santé, Shepell-FGI, lors de la Journée découverte de la société, présentée le 18 novembre dernier à Montréal.

Mme Ducharme a démarré sa présentation en signalant que les tendances qui touchent la santé et la productivité au travail s’accentuent, poussant les organisations canadiennes à réagir à cette évolution naissante.

«La gestion du talent, l’équilibre travail-vie personnelle, les conflits intergénérationnels ainsi que les enjeux de communication peuvent tous avoir des impacts sur le climat et le travail d’équipe», a-t-elle déclaré.

Le stress qui découle de ces situations peut entraîner de l’anxiété, la dépression, l’épuisement, l’insomnie, ce qui mènera ultimement à des faiblesses immunitaires ou à une baisse d’énergie. «L’employé peut ensuite devenir plus indifférent face à son travail, perdre plus facilement sa concentration et ressentir un sentiment de découragement et de désespoir le forçant à s’absenter sur une période plus ou moins prolongée.»

Les conséquences sur les coûts
Mme Ducharme a expliqué que l’absentéisme dû à des raisons personnelles, médicales, et organisationnelles constituent la première source de coûts; les absences causées par les troubles de santé mentale venant en tête de lice.

Par ailleurs, les habitudes de vie et les maladies chroniques sont aussi devenues des sources importantes (30 % des adultes souffrent d’au moins deux troubles chroniques). Enfin, l’absentéisme entraîne aussi une hausse des coûts d’assurance collective. Ces augmentations s’expliquent notamment par une utilisation accrue des médicaments d’ordonnance et une utilisation plus régulière des soins paramédicaux.

«Des coûts indirects ou des aspects moins tangibles liés à l’absentéisme (ou le présentéisme) doivent être considérés, tels que des travailleurs moins productifs, des coûts de formation des employés suppléants, une diminution de l’efficacité opérationnelle ou une hausse des heures supplémentaires, etc.», a-t-elle ajouté.

Aligner ses stratégies
On peut se demander pourquoi voit-on toujours un écart aussi grand entre les stratégies des ressources humaines et l’amélioration de la santé et de la productivité des employés.

Pour répondre à cette question, Mme Ducharme voit trois phénomènes : soit un mauvais alignement de la conception des programmes, une absence de stratégies ou encore un manque de motivation et d’engagement.

« À mon avis, le travail a un impact majeur sur la santé des employés et vice versa. C’est pourquoi il est important pour les employeurs d’accorder de l’importance à la santé de leurs employés puisqu’il a été prouvé que cela a des répercussions positives sur leur rendement par la suite et par conséquent sur le bilan financier des entreprises», a-t-elle dit.

Nouvelle façon d’envisager la santé et la productivité
Pour Mme Ducharme, il faut favoriser les programmes qui génèrent le meilleur rendement pour la santé et la productivité.

Pour ce faire, il faut mettre en place de saines pratiques de gestion du capital humain et de santé collective, gérer les invalidités, la prévention des risques à la santé et les maladies chroniques de manière intégrée ainsi que gérer les coûts directs de soins de santé et les coûts indirects associés aux pertes de productivité.

Mme Ducharme est catégorique : « Il faut encourager les saines pratiques du capital humain. C’est une question de gros bon sens. »

Elle suggère de gérer les invalidités, la prévention des risques à la santé et les maladies chroniques de manière intégrée. Les absences sont un indicateur de santé globale au sein d’une organisation.

La gestion des absences : un indicateur de santé globale
Tous les employeurs doivent analyser attentivement la fréquence des absences, à savoir s’ils sont occasionnelles ou de plus longue durée (invalidité). Comment s’expliquent ces absences ? Est-ce des incidents touchant l’organisation comme des plaintes, des griefs, des problèmes de rendement, des conflits ou des changements ?

«Cela va déterminer s’il faut maintenir ou modifier les façons de faire courantes», a dit Mme Ducharme. «De saines pratiques entraînent généralement une plus grande satisfaction auprès des employés, ce qui par conséquent aura un impact positif sur la satisfaction des clients.»

Un congé d’invalidité sera nécessaire lorsque l’employé doit se présenter dans un établissement médical pour obtenir des soins ou encore si l’employé doit être alité ou rester chez lui pendant son rétablissement. Enfin, il peut être médicalement contre-indiqué de travailler ou de se déplacer pour se rendre au travail.

D’autre part, un congé d’invalidité sera discrétionnaire lorsque l’invalidité est attribuable à une maladie diagnostiquée ou qui peut avoir entraîné une certaine incapacité fonctionnelle. La personne peut toutefois présenter des capacités résiduelles.

Le congé est très souvent lié à la décision de l’employé ou de l’employeur. Dans ce cas, on ne donne pas la peine de trouver des moyens d’accommoder l’employé au travail pendant sa maladie ou son rétablissement.

Un congé d’invalidité sera inutile sur le plan médical lorsque la perception qu’un diagnostic suffit pour justifier l’absence. Parfois, une autre cause peut expliquer une absence prolongée (insatisfaction au travail, conflits ou raisons personnelles).

Mieux comprendre ses absences
Mme Ducharme estime que la gestion de la présence au travail est la clé pour tout employeur qui désire réduire leur absentéisme et mieux comprendre les causes des absences.

«Les employeurs doivent mettre en place des processus qui leur permettent de mieux gérer les absences occasionnelles et de mieux intervenir auprès des employés à risque ou en difficulté. Ces derniers doivent avoir accès aux ressources appropriées, notamment lors des premiers signes de troubles de santé mentale liés au stress ou autre. La prévention ainsi que la promotion de la santé demeurent des éléments clés pour toutes les entreprises qui désirent réduire leur absentéisme et diminuer leurs coûts », a-t-elle terminé.