Une étude de l’Université ­Laval menée en novembre 2020 auprès de 2 000 francophones au ­Canada a révélé que de 20 à 30 % des travailleurs présentaient un niveau élevé d’anxiété, ce qui représente un défi de taille pour les employeurs.

« ­Si on veut promouvoir la santé mentale globale, on doit travailler sur les deux angles : réduire les difficultés, les prévenir, mais aussi favoriser le ­bien-être des gens », mentionne ­Simon ­Coulombe, professeur agrégé au ­Département des relations industrielles de la ­Faculté des sciences sociales de l’Université Laval.

L’environnement de travail est un élément clé d’une santé mentale positive, affirme le professeur. « ­Dans notre étude, on s’est rendu compte que plus les employés percevaient du soutien des collègues ou des superviseurs, moins ils vivaient de symptômes d’anxiété et de dépression », ­explique-t-il, tout en ajoutant qu’il s’agit d’un élément important à prendre en compte dans le contexte de télétravail.

En effet, bien que le télétravail ait des retombées positives pour le ­bien-être, notamment en réduisant le nombre de conflits ­travail-famille et en augmentant le niveau d’autonomie, il est associé à des relations de moins bonne qualité avec les collègues lorsqu’il dépasse 2,5 jours par semaine. « En contexte de télétravail, le soutien social des superviseurs et des collègues est donc essentiel, par des pauses café virtuelles ou des réunions », précise ­Simon ­Coulombe.

L’autogestion permet aussi de réduire les difficultés en santé mentale. « ­Dans l’approche d’autogestion, c’est la personne qui prend du pouvoir sur sa santé, précise le chercheur. C’est associé à une réduction des symptômes, davantage d’espoir, davantage de ­bien-être, mais aussi un sentiment d’­auto-efficacité accru. »

Une étude menée en 2015 par ­Simon ­Coulombe et d’autres chercheurs auprès de 50 participants se rétablissant d’un trouble de l’anxiété ou de l’humeur a permis d’identifier 60 stratégies d’autogestion que les personnes mettent en place au quotidien pour aller mieux. Elles se divisent en cinq catégories :

1- ­Les stratégies cliniques, comme les ­PAE et les services professionnels. « ­Pour favoriser cette pratique d’autogestion, c’est important d’explorer les ressources existantes, les formes d’aide avec lesquelles la personne est plus à l’aise », indique M. Coulombe.

2- ­Les stratégies d’autogestion fonctionnelles, comme l’amélioration de l’environnement de travail pour qu’il soit plaisant, stimulant et qu’il favorise les interactions sociales.

3- ­­Les stratégies existentielles, comme les programmes de pleine conscience. « ­Plusieurs programmes d’entraînement ont été adaptés aux milieux de travail et ils ont des effets positifs sur l’anxiété, le stress, la détresse, le ­bien-être et le sommeil », détaille ­Simon ­Coulombe.

4- ­­Les stratégies physiques, comme les programmes d’activité physique, qui ont un rôle clairement documenté contre l’émergence de la dépression.

5- ­­Les stratégies sociales. « ­Aider les autres, en faisant du bénévolat, par exemple, a été associé à une augmentation du ­bien-être », ­précise-t-il.

Il ajoute que les employeurs doivent accompagner sans imposer. « ­Il faut cultiver l’espoir et la prise de conscience, ­dit-il. Il existe des outils concrets pour le faire. »