À l’occasion de la consultation publique sur le vieillissement de la main-d’œuvre et l’avenir de la retraite, le Conseil du patronat du Québec rappelle que les travailleurs de 55 ans et plus constituent une précieuse ressource en matière de capital humain. Le prolongement de leur vie active représente un facteur essentiel à une croissance économique plus vigoureuse, tout particulièrement dans un contexte où le vieillissement de la population est plus marqué au Québec que n’importe où ailleurs et que l’âge de la retraite y est plus bas que dans les autres provinces canadiennes, et la plupart des pays de l’OCDE.

« Les employeurs du Québec sont très sensibles à la problématique du vieillissement démographique et ouverts à adopter les mesures nécessaires — tout particulièrement sur le plan de l’organisation du travail — pour encourager les travailleurs d’expérience à demeurer plus longtemps à leur service, a souligné Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat. Chaque entreprise est en effet en mesure de mettre en œuvre les solutions lui convenant le mieux pourvu qu’elle puisse compter sur les incitatifs appropriés ainsi qu’un environnement fiscal et réglementaire qui lui offre suffisamment de souplesse ».

Au nombre des mesures proposées par le Conseil, on note la poursuite des efforts de sensibilisation des employeurs à la nécessité de s’adapter rapidement au profil vieillissant de la main-d’œuvre, l’offre aux entreprises qui en ont besoin d’incitatifs financiers pour effectuer un exercice de gestion prévisionnelle de la main d’œuvre ainsi qu’un crédit d’impôt pour la formation des travailleurs de 55 ans et plus, la mise en place d’un dispositif de voie rapide de reconnaissance des compétences des travailleurs licenciés et la création par Emploi-Québec d’un répertoire d’experts formés de retraités pour favoriser un bon transfert de connaissances. On pense aussi que les jeunes retraités qui souhaitent travailler à leur compte devraient pouvoir bénéficier d’un soutien adéquat, et qu’il serait souhaitable de mieux arrimer l’immigration aux besoins du marché du travail. Dans tous les cas, on devrait privilégier des mesures incitatives, plutôt que coercitives, ainsi que les mesures les plus flexibles possibles tant pour les employés que les employeurs.

Décourager la retraite hâtive
Alors que le gouvernement vient tout juste d’apporter des modifications au Régime de rentes du Québec pour décourager la retraite avant 65 ans, le Conseil du patronat estime qu’un changement de mentalité s’impose pour faire en sorte que la retraite anticipée ne soit plus considérée comme un droit.

« Considérant que les Québécois prennent leur retraite à l’âge de 60,9 ans en moyenne – contre 62,3 ans au Canada et même 64,1 ans en Alberta, le moment est peut-être venu d’entamer un débat sur l’âge d’admissibilité à la rente de retraite (60 ans) qui a été établi à une époque où le contexte économique et démographique était radicalement différent, a précisé M. Dorval. Il est sans doute temps de modifier les régimes actuels et de mettre en œuvre des mesures incitatives pour encourager les gens à prendre leur retraite plus tardivement ».

Le Conseil estime que la création des régimes volontaires d’épargne retraite (RVER) contribuera sûrement à améliorer la situation de l’épargne retraite, mais il jugerait inappropriée toute augmentation de cotisations à la Régie des rentes du Québec à cause de ses effets négatifs sur l’emploi, les salaires et la compétitivité des entreprises. Si on envisageait l’augmentation de ces cotisations, il faudrait certainement, en contrepartie, considérer la possibilité de repousser l’âge normal de la retraite (65 ans) comme plusieurs pays le font présentement à travers le monde. Il est finalement urgent, dans le contexte économique et démographique actuel, de revoir la réglementation entourant les régimes de retraite à prestations déterminées afin d’en assurer la viabilité.